Château de La Roche-Maurice – photo
Malgré quelques adaptations liées au contexte sanitaire, le chantier des fouilles archéologiques programmées du château de La Roche-Maurice a pu se poursuivre cet été 2020. Le médiéviste Ronan Pérennec fait le point sur les plus récentes découvertes.
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Ronan Pérennec, archéologue
Les fouilles programmées du château de La Roche-Maurice ont lieu tous les ans en été. Cette année aussi, le chantier a pu être mené à bien avec huit bénévoles, même s’ils étaient moins nombreux que d’habitude et même s’il a fallu composer avec les règles sanitaires anti-épidémie (en particulier pour l’utilisation des outils de fouille).
L’archéologue spécialiste du Moyen Âge, Ronan Pérennec, a dirigé le chantier qui s’est concentré cette année 2020 sur une « nouvelle » tour mise au jour l’an dernier à l’Est du donjon. Une tour d’artillerie du XIIIe siècle avec une petite cave dont il a fallu tamiser le sol en terre pour découvrir les « résidus » de l’époque, si précieux pour les archéologues.
Les multiples vies du château, dès le XIe siècle
Chaque année, on en apprend un peu plus sur ce château aux enceintes multiples et aux structures superposées. On sait désormais que le premier édifice a été construit entre 978 et 1027, grâce à la datation de l’angle d’une courtine et d’un sol. Le château a donc émergé en même temps que les grandes familles : les vicomtes de Cornouaille ont d’abord occupé le château, puis leurs ennemis, les vicomtes de Léon, de l’autre côté de l’Elorn, l’ont emporté et se sont emparés de la place.
Le château est en fait détruit une fois par siècle, au fil des révoltes des vicomtes contre le duc de Bretagne ou d’autres conflits. L’édifice est à chaque fois reconstruit, s’adaptant aux normes de défense des époques.
Au XIVe, c’est le vicomte de Rohan qui devient propriétaire de la forteresse et qui décale les remparts vers le bas. Posées sur les rochers, les murailles paraissent plus imposantes.
A la fin du XVe, lors de la guerre franco-bretonne, l’armée française tient Brest et décrète qu’il est impossible de tenir deux places fortes ; le château de La Roche-Maurice est jugé trop puissant et on préfère le détruire pour éviter qu’il ne tombe aux mains de l’ennemi (les Bretons). Il est cependant reconstruit encore au XVIe siècle. On rebâtit rapidement la structure pour pouvoir lever l’impôt de guet, très lucratif. Les aménagements intérieurs n’interviennent qu’ensuite.
Les vicomtes ne résident pas à La Roche-Maurice ; c’est un capitaine et une garnison qui y vivent. On sait qu’ils consommaient beaucoup de poissons et fruits de mer (surtout des huitres) et toutes sortes de viandes, y compris des oiseaux dont on a retrouvé les nombreux ossements.
Il reste encore deux étés de fouilles archéologiques au château de La Roche-Maurice. On y reviendra donc faire un tour dans Lem.