Les Celtes installés à l’ouest de l’Armorique étaient les Osismes, organisés à l’époque romaine autour de la cité de Vorgium. Pour mieux connaître leur quotidien et leur économie, notamment commerciale, Ninog Jaouen, archéologue au Centre départemental d’archéologie du Finistère cherche la trace d’ateliers de céramique, par des prospections pédestres.

Le site internet du Centre départemental d’archéologie du Faou

Les céramiques antiques offrent de multiples intérêts archéologiques. Déjà, elles racontent la vie quotidienne, le système économique et les échanges des populations du passé. Ensuite, elles se conservent bien (en Bretagne, c’est même ce qui se conserve le mieux). Et surtout, elles permettent de dater des sites car les différents styles selon les époques et les régions sont désormais bien connus des archéologues ; en outre, l’analyse des argiles et autres matériaux qui les composent permettent de connaître leur lieu de fabrication.

Ninog Jaouen, archéologue au Centre départemental d’archéologie du Faou, était déjà venue nous parler des amphores, les conteneurs très utilisés pour le transport des marchandises dans l’Antiquité. Elle revient aujourd’hui raconter son travail de thèse : « Vivre en Armorique Romaine. Le cas des Osismes, entre production et consommation ».

Le mystère du transport du garum

Les Osismes étaient les Celtes qui occupaient l’essentiel de ce qui est aujourd’hui le Finistère et l’ouest des Côtes d’Armor. Après la conquête romaine, vers – 27, ils sont rattachés à la cité de Vorgium (l’actuelle Carhaix et tout le territoire alentour). On suppose que ce territoire était divisé en plus petites unités autour de pagi (pagus = pays) sans doute vers Plounéventer, Landerneau, Quimper (avec son port antique de Locmaria) mais aussi Douarnenez où se fabriquait le garum, condiment issu de la fermentation de poissons, très prisé des Romains. Ce garum, produit en grande quantités, était forcément exporté et transporté, mais pas dans des amphores (on n’en retrouve aucune trace). Était-il conditionné dans des tonneaux en bois (qui se sont dégradés au fil des années) ou dans de plus petits récipients en céramique ? C’est l’une des questions que se pose Ninog Jaouen, parmi d’autres…

Où étaient fabriquées les céramiques de transport des osismes ?

Comme tous les peuples antiques, les Osismes produisaient leurs propres céramiques, pour la cuisine et la vaisselle, le stockage alimentaire, mais aussi la toiture (tuiles) ou d’autres maçonneries (les pilettes des hippocaustes, petits piliers sur lesquels reposaient les planchers chauffants des thermes). Les vases osismes sont d’ailleurs totalement typiques et ne ressemblent à aucun autre. On connaît trois ateliers de céramique antique en territoire osisme : une fabrique de poteries tournées à Glomel, une fabrique de tuiles à Langonnet et un atelier de céramiques culinaires à Pabu.

Prospection pédestre et archéologie

De son côté, Ninog Jaouen cherche plutôt un atelier de production des vases typiques ou des conteneurs à garum. Pour découvrir cet atelier, elle compte sur la prospection pédestre, autrement dit l’exploration d’une parcelle à pied, par des observateurs aguerris.

Dans un premier temps, elle collecte les sites présumés dans la bibliographie (depuis le 19e siècle) et elle analyse les données favorables à la présence d’un atelier de céramique osisme : approvisionnement en argile, eau, bois, proximité d’une voie, sites de diffusions possibles (ports ou autre cités voisines). Parmi les 47 sites intéressants, elle en a choisi une dizaine pour mener des prospections pédestres.

Avec des volontaires étudiants en archéologie, elle parcourt la parcelle (pour laquelle elle a obtenu les autorisations de prospecter) à la recherche d’éventuels morceaux de céramique, tessons, tuiles, pierres chauffées ou brûlées… Les prospecteurs parcourent le terrain plusieurs fois, en rang plus serré si les découvertes sont prometteuses.

Pour l’instant, les prospections terrestres n’ont rien donné de décisif, il faudra retourner sur place et poursuivre les recherches.