La mer, l’océan a toujours fasciné les hommes, en Cornouaille comme ailleurs. Dans sa propension à imaginer son environnement pour se l’approprier, ou au moins en avoir moins peur, l’homme a fait de l’océan tantôt un dieu, tantôt un monde à part où vivent des créatures étranges.
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Cernunnos dieu celte océanique…cruel
Chez nos ancêtres celtes, le dieu de l’océan était Cernunnos qui était aussi celui des endroits sombres et du royaume des morts, deux aspects qui s’appliquaient à l’océan. Puis c’est l’océan lui-même qui a été personnifié sous les traits d’un être redoutable appelé Iann ou Iannic an aod, Jean ou petit Jean de la plage.
Personnage cruel, l’océan pouvait aussi être mère nourricière, avec la pêche ou les restes des naufrages, mais il n’était pas rare que les flots montrassent leurs humeurs. Ainsi la croyance était-elle auparavant répandue en Cornouaille que la mer entrait en furie lorsqu’un grand homme mourait ou lorsqu’il s’agissait de criminels.
Dans le premier cas, l’océan manifestait son chagrin alors que dans le second, c’est le diable qui venait chercher l’âme qui lui était due au milieu d’une bourrasque.
De l’influence de la marée sur les humains
La mer pouvait avoir aussi, disait-on, une influence sur le sexe des enfants à naître. Suivant une opinion répandue, la conception des enfants mâles a lieu quand la mer monte, celle des filles quand elle baisse.
L’influence de la marée s’exerce aussi sur les animaux : un chien qui boit l’écume dont se couvre la mer à la fin du flux devient enragé. Les chiens hydrophobes sentent la mer montante et deviennent furieux. Ils n’ont plus la force de mordre quand elle descend.
La prunelle des chats change de couleur et grandit en marée montante.
Autres croyances et créatures liées à la mer
En Cornouaille selon une communication de M. Calvez datant du début du 20ème siècle, certains coquillages passent pour prédire l’heur ou le malheur. Voir en même temps dans la maison d’un marin ou d’un pêcheur un prêtre, un limaçon terrestre et un bigorneau de mer est un présage certain de grand malheur. Quand les pieds de couteau (solens) sont très abondants sur les côtes, on assure que c’est l’annonce d’une guerre prochaine. Si l’on voit sur la côte des débris de navires garnis d’anatifes, il y aura un hiver très dur, suivi d’une très belle récolte.
Il existait en Cornouaille et en Basse-Bretagne une appellation spéciale pour la neuvième vague qui arrivait sur la plage ou contre un bateau. Selon Claude Sterckx, elle était appelée Redele et passait pour être plus dangereuse car beaucoup plus puissante que les autres.
Attention aussi au bag-noz, le bateau de la nuit qui est conduit par le dernier mort de l’année et emmène les défunts de Cornouaille vers l’autre monde.
Mais assez parlé des morts. L’océan était aussi le refuge de bien d’autres créatures comme, par exemple, les Mary-Morgans, des fée marines et les Morgans, des lutins des mers.
Il y avait aussi en mer des poissons monstrueux ; mais on ne les voyait que le soir au clair de lune. L’un d’entre eux est le roi des sardines. Selon la revue des traditions populaires 1897 n°7, les marins racontaient aussi qu’ils avaient vu des poissons grands comme des îles qui transportaient sur leur dos des bateaux et même des navires.