L’association Breizh Europe Finistère a demandé à Sandrine Le Feur de commenter la nouvelle Politique agricole commune. La députée LREM est aussi agricultrice en polyculture élevage bio à Pleyber-Christ et très impliquée dans les dossiers agricoles et alimentaires.

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Installée en polyculture élevage, Sandrine Le Feur cultive légumes, fruits, céréales et élève moutons et vaches en agriculture biologique depuis 2015 à Pleyber-Christ. Députée depuis 2017, membre de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, responsable pour le groupe LREM de la loi Egalim, elle pilote deux groupes de travail, un sur la souveraineté alimentaire, un autre sur une sécurité sociale de l’alimentation. En tant qu’agricultrice, elle bénéficie de la Politique agricole commune (Pac) et des aides européennes à l’installation.

Pour elle, les grands défis agricoles et agroalimentaires qui attendent le Finistère sont : les algues vertes et les pollutions aux nitrates des cours d’eau par les effluents d’élevage, la concentration d’élevages intensifs sur le territoire breton et les émissions de gaz à effet de serre par l’agriculture (42 %) ; sur ce point, elle défend l’instauration d’une redevance sur les engrais azotés minéraux qui servirait à financer la transition agro-écologique.

La Pac, premier budget de l’Union européenne

Premier poste budgétaire de l’UE, la Pac repose sur deux piliers : le soutien aux revenus et au marché agricole, et le développement rural. La Pac est révisée tous les 7 ans et c’est l’occasion de tirer des leçons du passé. La France doit quant à elle formuler son PSN, Plan stratégique national, autrement dit la mise en œuvre sur son territoire de la nouvelle Pac. Sandrine Le Feur milite pour introduire une rémunération des services environnementaux ; il s’agirait d’indemniser les agriculteurs qui protègent les écosystèmes. A l’Assemblée nationale, la députée tente d’influer sur la politique gouvernementale via des rapports qu’elle envoie ; un débat a eu lieu à l’assemblée mais les députés français ne sont pas consultés sur la Pac.

La filière Lin et chanvre que Sandrine Le Feur voudrait relancer en Bretagne, pourrait bénéficier des soutiens financiers de l’Europe. Une telle filière permettrait de fournir une alternative au coton à l’industrie textile (enjeu de souveraineté), de créer emplois locaux non délocalisables (enjeu économique) et de favoriser une culture qui fixe l’azote (enjeu climatique). Le premier pilier de la Pac pourrait financer ce développement et la structuration de la filière.

La députée salue les progrès de la nouvelle Pac qui instaure les éco-régimes qui dédient entre 20 et 30 % des fonds du premier pilier au financement de la transition écologique ; elle apprécie que la France ait conservé son budget et elle approuve la conditionnalité des aides à un respect d’un socle de conditions environnementales et sociales.

L’agriculture biologique n’est pas rémunérée pour ses services environnementaux

Cependant, Sandrine Le Feur souhaiterait que la Pac aille plus loin : de nouvelles mesures pour soutenir le sylvo-pastoralisme et l’agro-foresterie pour restaurer le linéaire de haies en France (nécessaires pour respecter les engagements climat de la France). Elle souhaiterait conditionner une partie des aides aux industries agro-alimentaires à leur participation aux plans alimentaires territoriaux.

Par ailleurs, elle craint que le label agriculture HVE (Haute valeur environnementale), moins exigeant, supplante la bio.

Or pour atteindre l’objectif fixé par la loi Egalim de 15% de surfaces agricoles en bio en 2022, il faut rendre les produits bio accessibles à tous. Pour cela, il faut à la fois soutenir les producteurs en rémunérant leurs services environnementaux, mais aussi, selon Sandrine Le Feur, aider le consommateur à accéder à ces produits, pourquoi pas une sécurité sociale alimentaire qui permettrait de rembourser les consommations saines et durables.

La transition est de toute façon inéluctable et doit répondre à l’urgence environnementale et sociale que nous vivons aujourd’hui.