Paul Verhoeven — Wikipédia

Réalisateur au style marqué et provocateur, Paul Verhoeven n’était pas prédestiné à évoluer dans le monde de la science-fiction.

Pourtant très rapidement il saura manier le genre avec brio en nous proposant parmi quelques uns de ses plus grands films

Retour sur l’œuvre d’un cinéaste loin des conventions et du politiquement correct.   .

Vous reprendrez bien un peu de science-fiction ?

Aujourd’hui je vais vous parler d’un réalisateur qui n’a pas fait que de la science-fiction mais qui en fera de la très bonne !

Aujourd’hui je vais vous parler de Paul Verhoeven.

M Verhoeven est né à Amsterdam aux Pays-Bas le 18 juillet 1938.

Une jeunesse particulière

Il sera donc logiquement confronté dans sa prime jeunesse aux horreurs de la guerre et de l’occupation.

Mais lorsqu’on vit cet état de guerre jusqu’à ses 7 ans, la paix qui arrive vous parait totalement anormale.

Son quotidien jusque-là c’était la présence des soldats allemands, les bombardements, certes pas joyeux mais si l’on a vécu que ça, la paix va vous paraitre étrange.

Cette atmosphère va donc logiquement influencer son œuvre cinématographique.

Sa passion pour le cinéma se déclare très tôt ,son père l’amène régulièrement au cinéma où il découvre les films américains venus avec les libérateurs d’outre-Atlantique.

Mais c’est surtout lors de son séjour en France en 1955 que le declic survient.

Son père francophile l’envoie à Saint Quentin dans l’Aisne où un prof de français lui fera découvrir les grands classiques.

De retour aux Pays-Bas , il continue ses études pour obtenir un doctorat en mathématique et en physique.

Paradoxalement, c’est l’armée qui lui permettra de faire ses premières armes(jeu de mot) dans le domaine du cinéma.

En 1964 au cours de son service militaire, il réussit à intégrer le département audiovisuel de la marine néerlandaise.

Il a l’occasion de réaliser un film de propagande pour les 300 ans de la marine royale, il le fera sous la forme d’un petit film d’action.

Film qui sera primé au festival international du film militaire ! si, si ça a existé.

C’est cette expérience qui scellera son destin de cinéaste, il ne sera jamais un scientifique…

Avant son service militaire, il a réalisé quelques courts-métrages mais c’est vraiment à partir de 1967 que sa carrière professionnelle débute.

Il se fait réellement connaitre avec la série Floris pendant laquelle il rencontrera un autre grand nom du cinéma batave : Rutger Hauer

Batave, ça veut dire néerlandais , vous pourrez le ressortir pour briller en société …

S’ensuit une décennie au cours de laquelle il enchaine les succès et les records d’entrées en salle.

C’est surtout à partir de 1975 que sa réputation dépasse les frontières et qu’il commence à intéresser les Américains.

Au début des années 80 le vent tourne pour Paul , son style cru et très explicite commence a déranger même aux pays -bas , pays réputé pour sa tolérance.

Les débuts outre-atlantique

Il va donc se tourner vers les Etats-Unis qui lui font les yeux doux depuis un moment.

Avec pour parrain Steven Spielberg , les auspices sont bons pour y commencer une nouvelle carrière .

Son premier film américain aura l’effet d’un coup de tonnerre.

En 1987 sort robocop.

Pour la petite histoire, il a failli refuser de tourner ce film. C’est son épouse qui après avoir lu le script a mis en évidence la double lecture que l’on peut y percevoir.

 Dans l’esprit de Paul , son robocop sera un poil christique.

Car le héros aura droit à sa crucifixion et à sa résurrection !

L’histoire : Nous sommes à Detroit en 2043 , la ville est rongée par la violence.

La police qui est privatisée, ben voyons ! a le plus grand mal a faire régner la loi faute au manque de moyen et à une gestion calamiteuse des ressources humaines.

 Mais si justement ce n’était pas fait exprès ? car l’OCP qui gère la police a un nouveau produit a vendre l’ED-209.

L’ED-209, champion de la sécurité publique, comme il est présenté est un robot bipède massif ,environ 2 mètres de haut et disposant d’une puissance de feu pas forcement en adéquation avec du maintien de l’ordre, mais bon on est aux Etats-Unis…

Sauf que… , lors d’une démonstration ED 209 tue un employé de l’ocp , oups !

C’est donc un projet concurrent qui est choisi, le programme robocop.

A la différence de l’ED-209 , robocop est un cyborg , c’est-à-dire un humain amélioré par des dispositifs mécaniques et électroniques.

Il faut donc trouver un volontaire qui accepterais de se faire charcuter pour devenir un hybride mi-homme, mi-machine.

Bien évidemment, ça ne va pas être facile à trouver.

C’est donc le plus calmement du monde que l’ocp va transférer les policiers les plus « prometteurs » dans les zones les plus risquées et attendre …

Ho pas longtemps, en effet l’officier Alex Murphy , le premier jour de son affectation dans le quartier sud va être exécuté par la bande de Clarence Boddicker lors d’une scène pour le moins explicite.

Je vous épargnerai les détails mais cette scène a marqué de nombreux spectateurs par sa brutalité et son souci du détail.

Approche crue et réaliste qui sera une des particularités du réalisateur.

Toujours est-il que Murphy n’est pas mort, pour le moment .

Son décès sera déclaré seulement quelques heures plus tard.

Voila notre héros crucifié, place maintenant à la résurrection.

Il ressuscitera sous la forme d’un cyborg, robocop.

Mais alors pourquoi un cyborg et pas simplement un robot doté d’une intelligence artificielle ?

 On entend souvent parle d’IA ,elles commencent à proliférer autour de nous sans que l’on s’en rende compte ,mais elles servent à des taches simples.

Apprendre à une IA le métier de policier ce n’est pas la même affaire que de comparer des algorithmes.

Le métier de policier exige de la nuance ,de l’instinct même et ça c’est pas une chose qui s’apprend , c’est quelque chose que l’on développe au fil du temps ,c’est subtil et ça on ne sait pas encore le faire avec une IA

Surtout dans un domaine où l’usage de la force est frequent et même de la force létale.

Donc améliorer un policier déjà expérimenté peut paraitre une bonne idée.

Mais la façon dont c’est fait dans ce film n’est pas la bonne façon.

Les « créateurs » de robocop ont effacé une partie de sa mémoire pour qu’il n’ait pas conscience de ce qu’il lui arrive.

Le choc au réveil risquant d’être particulièrement brutal.

Sauf que la mémoire lui revient, c’est à partir de là que tout va partir en vrille. 

Il va chercher et retrouver ceux qui l’ont tué et cette quête ne va pas plaire à tout le monde.

Ce film ,au-delà du choc visuel qu’il a provoqué est surtout une satire contre l’Amérique reaganienne.

Paul qui est arrivé aux Etats-Unis quelques années seulement avant qu’il ne réalise ce film n’est pas un farouche opposant à la société américaine des années 80, il serait bien idiot de mordre la main qui le nourrit.

Il met surtout le doigt là où ça fait mal.

Il y a déjà la violence, celle des rues ,des gangs mais celle aussi en col blanc comme on dit.

Le portrait des businessmans qui est dressé dans le film n’est pas à leur avantage.

Ils sont cupides, forcement ! égoïstes, cyniques, la vie humaine n’a que peu de valeur, mis à part la leur évidemment…

Ils sont des caricatures, ils correspondent à l’image que le public s’en fait et que l’on aime détester.

On perçoit que les décisions uniquement tournées vers la recherche du plus grand profit ,prises dans ces sphères de pouvoir économiques influencent ,en mal hein on va pas se mentir, la « vraie » vie des ouvriers et autres employés.

Les médias eux aussi ont droit à leur petite pique.

Les présentateurs des journaux télévisés, de véritables Barbie et Ken énoncent les infos avec toujours le même ton  , limite rieur ,voire narquois et subtilement orienté.

Cette première réalisation dans le domaine de la science-fiction va marquer les esprits tant par sa violence très démonstrative que par la mise en lumière de certains défauts de la société américaine.

Mais ne vous y trompez pas, ça devient un peu la norme dans tout l’occident.

Quelle part d’humanité ?

Ce film parle du transhumanisme avant que le concept ne devienne à la mode.

Murphy est amputé de nombreuses parties de son corps , jusqu’à quel point il peut encore être considéré comme un être humain ?

Quel élément de son corps recueille son humanité ?

Son cerveau ? , mais le cerveau ne peut vivre par lui-même , il a besoin d’une grande partie du reste du corps pour fonctionner.

A quelle portion congrue du corps humain on peut déterminer le minimum d’humanité.

Celle en-dessous de laquelle on n’a plus affaire à un humain ?  

 A vous de vous faire votre propre idée.

Robocop va aussi annoncer ce que sera le style Verhoeven dans les œuvres à venir.

Robocop aura aussi impressionné un acteur , Arnold Schwarzenegger  qui ayant acquis les droits d’une nouvelle de Philip K Dick : souvenirs à vendre, veut que Verhoeven réalise son adaptation au cinéma.

En 1990 sort Total Recall.

Nous sommes en 2048 ,au début du film, nous suivons la vie de Douglas Quaid ouvrier dans les travaux publics.

Depuis quelques temps, il rêve de Mars, ou plutôt il cauchemarde.

Il se voit tout simplement mourir d’asphyxie sur la planète rouge.

Et ça commence a l’obséder, il veut y aller , il se sent comme attiré.

Perso , si je commence à rêver que je passe l’arme à gauche au pied de la tour de Pise par exemple, je ne vais pas m’y précipiter… et je resterais même loin de l’Italie.

 Faute de pouvoir y aller, douglas va opter pour une autre solution.

Il existe une entreprise, Rekall qui implante des souvenirs de voyage.

Il décide de sauter le pas avec toutefois une petite fantaisie supplémentaire , il ira sur Mars en incarnant un espion qui a pour mission de libérer les martiens.

Car sur Mars, tout n’est pas rose.

L’administrateur général , Vilos Cohaagen règne sur la colonie d’une main de fer et exploite les mineurs pour extraire le turbinium.

Mais des grèves perturbent le bon fonctionnement des mines et cohaagen fait envoyer la troupe contre les récalcitrants.

Des mineurs qui protestent pour leurs conditions de travail et à qui pour toute réponse on envoie des soldats, ça ne vous rappelle rien ?

Et si je vous dit Germinal ?

Mouvements de grève accompagnés de revendications indépendantistes, les martiens ne veulent plus vivre sous la pression de la Terre qui ,clairement se sert des Mars comme les anciennes puissances coloniales se servaient de leur colonies.

Pour en revenir à Douglas , l’implantation du souvenir se passe mal ,il devient fou-furieux et commence a tenir des propos délirants.

Il est maitrisé et endormi par les employés de Rekall .

Il se réveille dans un taxi ,sans souvenir de sa tentative d’implantation.

C’est à partir de ce moment que ça va vraiment dérailler, à peine descendu du taxi, il retrouve un de ses amis qui veut tout simplement le tuer…

Il parvient à s’en débarrasser brutalement et se refugie chez lui , là c’est sa femme qui essayer de le tuer !

La aussi il en réchappe en utilisant des techniques de combat au corps-à-corps qu’ils lui sont totalement étrangères.

Il agit purement par reflexe, comme si il avait enfoui dans son subconscient un entrainement au combat.

Là-dessus, un homme qui se présente comme un ancien collègue de boulot lui dit qu’il est un espion !

Douglas se rend alors sur Mars pour savoir qui il est vraiment.

Sur place il rencontre les indépendantistes qui le reconnaissent et ne gardent visiblement pas un bon souvenir de son passage.

Il semblerait qu’il était réellement un espion mais pas pour le bon camp …

Et qu’il serait un cheval de Troie bien malgré lui .

Toutefois , il parvient a recouvrer une partie de sa mémoire et découvre que Mars abrite les vestiges d’une ancienne civilisation qui prévoyait de rendre la planète rouge habitable sans devoir rester dans des dômes où l’air est payant !

He oui Cohaagen en plus d’exploiter les martiens ,leur fait payer l’air, normal !

Dans Total Recall , la question qui est présente durant tout le film est , comment distinguer un rêve de la réalité ?

Du rêve à la réalité ….

L’entreprise Rekall promet des souvenirs plus vrais que nature, oui mais ce ne sont pas de vrais souvenirs, puisque ce ne sont pas VOS souvenirs !

On sait que parfois que le cerveau peut nous jouer des tours et nous faire croire que l’on a vu ou fait quelque chose.

Les souvenirs se sont des signaux electro-chimiques , mais ce n’est pas que ça ,c’est aussi des émotions , des sentiments.

Comment reproduire une sensation propre à soi-même et forcement différente entre chaque individu.

Il y a aussi le coté éthique de la chose, dans le film on parle de souvenirs de vacances.

Mais la tentation d’implanter des souvenirs plus sensibles ou d’en effacer peut-être très forte.

 Dans le domaine criminel ,cette invention serait redoutable , pour effacer le souvenir d’un témoin, voire même de celui qui a commis le crime.

Les perspectives ouvertes par ce procédé font froid dans le dos …

Dans Total Recall , l’aventure commence à partir du moment où l’implantation est effectuée , sauf que cette dernière déconne.

On est sûr qu’elle déconne ? , parce que l’on voit qu’il choisit un « forfait espion sur Mars » pour ses faux souvenirs.

Et c’est exactement ce qu’il lui arrive par la suite.

Le scénario des faux souvenirs n’est pas précisé et on ne sait pas quand ça doit commencer.

Peut-être est-ce volontairement vague pour ne pas se faire spoiler le récit .

Ce qu’on voit à l’écran ,c’est le récit avec le principe du 4 eme mur ou alors le récit que le héros se fait dans sa tête  malgré lui ?

Cette dernière technique à déjà été utilisée dans divers films, que je ne vous citerais pas ici pour ne pas les divulgâcher.

Petit aparté : le 4 eme mur est un concept issu du théâtre qui désigne un mur imaginaire entre la scène et les spectateurs. Ceux-ci sont comme des voyeurs, assistants à une scène que ne leur est pas destinée et dans laquelle ils ne peuvent intervenir.

A la fin du film la question se pose, et chacun se la posera et décidera si c’est un rêve ou la réalité.

Pour les deux films suivants, Paul Verhoeven s’eloigne de la sf, il réalise le sulfureux Basic Instinct en 1992 et  Showgirl en 1995 qui sera laminé par la critique.

Comme le film suivant mais pas pour les mêmes raisons.

Comme un air martial

Après Robocop, le duo producteur/scénariste Jon davison et Ed neumeier veulent refaire un film de science-fiction.

Il sera basé sur le livre étoiles garde à vous ! de Robert A Heinlein.

Le scénario est envoyé à Paul ,qui le trouvant très intéressant ,rejoint l’aventure.

Starship Troopers sort en 1997.

L’histoire : nous sommes dans le futur , la date n’est pas précisée.

Au vu des développements dans les transports et les technologies en général on peut penser être assez loin dans le futur mais le contexte général est très proche de ce que l’on connait aujourd’hui.

Pour faire simple on est dans le futur mais pas trop.

La Terre est dirigée par une fédération, un gouvernement mondial militaire.

On ne sait pas pourquoi on en est là dans le film, mais dans le livre les militaires ont pris le pouvoir après l’effondrement des nations.

Dans cette société, il y a 2 catégories de personnes, les citoyens et les civils.

Les citoyens : ils ont fait leur service fédéral au sein de l’armée et disposent de droits, ils peuvent entre autre voter ,avoir un permis de procréation plus rapidement et ils participent activement à la vie de la société.

Ensuite les civils : ils n’ont pas les droits octroyés aux citoyens, ils sont considérés comme des citoyens de seconde zone.

Ils peuvent participer à la vie de la communauté mais n’y ont aucun pouvoir décisionnaire.

Dans ce collectif les droits de voter ou d’avoir un enfant ne sont pas accordés naturellement, il faut les mériter

Les civils ne sont pas pour autant exclus de la société, certains ont bien réussi, ils sont même un train de vie aisée.

C’est là que le fonctionnement de cette société pèche, les civils riches ne sont pas obligés de faire leur service pour acquérir un statut qui leur permettrait de gravir « l’échelle sociale »

Toujours est-il que la fédération a décidé de coloniser la galaxie et que nous ne sommes pas seuls.

Les arachnides à l’autre bout de la galaxie veulent eux aussi coloniser des planètes et bien évidemment tout ce petit monde se retrouve sur les mêmes cailloux.

Comme s’il n’y avait pas assez de planètes à disposition !

L’affrontement est inéluctable et les humains sont un peu à la peine.

C’est là que l’on va faire connaissance avec nos héros.

Ce sont pour le moment que de simples lycéens en fin d’étude dans un établissement de Buenos-Aires

Il y a rico , le personnage principal , beau gosse sportif mais pas vraiment porté vers les études.

Ce qu’il préfère étudier c’est sa petite amie, clin d’œil bien lourdingue, elle s’appelle Carmen et elle c’est une intello douée en math , il faut bien ça pour devenir astroplilote.

Il y a aussi Carl fort en thèmes et un peu télépathe.

Arrive enfin Dizzy camarade de classe des 3 premiers, une sorte d’alter égo féminin de Rico.

Tout ce petit monde décide de faire le service fédéral avec des affectations plus ou moins chanceuses

Carmen rejoint l’académie de pilotage , pour Carl ce sera les services de renseignements et pour Rico : l’infanterie.

Le message est on ne peut plus clair : si tu veux avoir un bon boulot, travaille à l’école !

Dorénavant on va suivre surtout le parcours de Carmen et Rico , à elle le pilotage de gigantesques vaisseaux , lui ce sera une formation digne de Full Metal Jacket.

Par hasard ou pas, il sera rejoint par Dizzy qui elle non plus n’a pas du bien étudier au lycée.

Survient alors l’élément qui va déclencher les hostilités, Buenos-Aires est détruite par une météorite lancée par les arachnides.

Vont se suivre alors différentes opérations avec plus ou moins de succès mais qui verront la victoire temporaire des terriens mais pas la fin de la guerre pour autant.

Ce film dans le plus pur style Verhoeven cru , d’une violence démonstrative est une œuvre de référence dans le cinéma de sf.

Une nouveauté toutefois, l’utilisation importante d’effets spéciaux numériques.

 Robocop , plus vieux de 10 ans certes mais aussi Total Recall faisaient la part belle aux effets réels.

 Starship troppers qui affiche quand même 24 ans au moment ou j’écrits ces lignes a très bien vieilli dans ce domaine.

Mais le film se fait étriller aux Etats-Unis , les critiques semblent être passées totalement à coté du traitement satirique du réalisateur.

Ils accusent Verhoeven d’être un néo-nazi et d’avoir fait un film à la gloire du fascisme.

Ce dernier s’en défendra en arguant qu’il a lui-même été victime de l’occupant allemand durant la seconde guerre mondiale.

Une désagréable impression …

Et en effet Paul a réalisé un film ironique sur une dictature militaire.

Tout est fait pour que l’on saisisse la second degré permanent.

Déjà le casting : les personnages principaux sont joués par des acteur ayant tourné dans des sitcoms ou des series à l’eau de rose.

Leur physique parfait sert a dénoncer l’eugénisme prôné par le 3 eme Reich.

Les uniformes des militaires vont forcément vous faire penser à ceux des soldats allemands de la seconde guerre.

Du simple trouffion au général tout respire un désagréable sentiment de déjà-vu.

La mise en scène de la propagande de la fédération a la même approche.

Paul dira s’être inspiré par les films de Leni Riefensthal ,réalisatrice attitrée du 3eme reich.

Pour quiconque a déjà vu un documentaire sur la propagande nazi, il  ressentira le même malaise face à la mise en scène des réseaux d’information sur le culte de la fédération pour une société parfaite, pure.

C’est cette ironie qui aura été mal comprise qui plombera la carrière de ce film.

Et peut-être également la critique en creux de l’impérialisme américain.

C’est probablement la nuance ,peu coutumière du réalisateur ,dans ce film qui n’a pas permis de saisir le propos sarcastique.

Starship troopers sera un peu son point culminant dans le domaine de la SF

En 2000 il réalise Hollow man.

L’histoire d’un scientifique un poil mégalo qui recherche le moyen de rendre les personnes invisibles.

Il y arrivera mais il en jouant à l’apprenti sorcier et en testant sa formule sur lui-même.

Et devinez ce qui se passe quand un savant prêt à tout devient invisible ?

Il en abuse, bien évidemment.

Mais posez-vous honnêtement la question : que feriez-vous si vous étiez invisible ?

Il faut être hypocrite ou d’une sagesse légendaire pour ne pas penser à tout ce qu’il vous serait possible de faire dans ce cas.

Hollow man est un film correct sans plus.

Même si on y retrouve les éléments cher au réalisateur, la violence crue ; l’approche libérée du sexe et de la nudité, ce n’est pas un grand film par rapport aux précédents qui ont placé la barre très haut.

A noter, des effets spéciaux d’une grande qualité ce qui sauve un peu le film.

Film qui sera le dernier de Verhoeven aux Etats-Unis.

Il retourne en Europe et il réalise plusieurs films entre les Pays-Bas et la France.

Une brutalité explicite

Réalisateur marqué par la guerre lors de son enfance, Paul Verhoeven aura a cœur de réaliser des œuvres crues, dérangeantes.

  Mais ce n’est pas par sadisme ou par manque d’imagination, là où certains seraient tentés de faire du sensationnel pour palier à un manque de fond.

Il le fait par provocation, il veut monter la cruelle brutalité d’un concept sans faire dans la dentelle.

Il n’est pas là pour faire plaisir, d’une certaine façon.

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde disait Camus.

Il rajoutait : ne pas les nommer c’est nier notre humanité.

Pour paraphraser : mal filmer les choses c’est ajouter du malheur au monde , ne pas les montrer c’est nier notre humanité.

Le corps humain est fait de chair et de sang, il est fragile et ne pas le montrer c’est refuser notre statut précaire et à durée déterminée. Notre humanité en sorte.

Et ça il a bien su le faire, de manière certes brutale mais honnête.

Même si il n’était pas à la base un réalisateur de sf , Paul Verhoeven a su y poser sa patte et en peu de films nous mettre devant ce que nous pourrions devenir si nous n’étions pas vigilants.

Je vous donne rendez-vous dans un mois pour un nouveau numéro de Vous reprendrez bien un peu de science-fiction ?