Lydie Mano est archéozoologue indépendante à Rennes. Le centre départemental d’archéologie du Finistère l’a chargée d’étudier les très nombreux restes animaux découverts lors des fouilles du château de Roc’h Morvan à La Roche-Maurice.
Le site internet du Centre départemental d’archéologie du Faou
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L’archéozoologue est une archéologue spécialisée qui étude les restes animaux. En ce qui concerne Lydie Mano, il s’agit surtout des ossements, dents et autres traces de vertébrés, des plus petits, comme les rongeurs, aux plus gros comme les vaches, voire des animaux exotiques puisqu’elle s’est formée au Muséum national d’histoire naturelle de Paris où les collections sont très variées. D’autres archéozoologues sont encore plus spécialisés dans une catégorie : oiseaux, invertébrés, etc. Sollicitée par le centre départemental d’archéologie du Faou pour examiner les fouilles du château de Roc’h Morvan à La Roche-Maurice, Lydie Mano travaillera sur ce dossier avec une ichtyologue, spécialiste des poissons.
La Roche-Maurice, un site très riche en restes animaux
Menées depuis plusieurs années par Ronan Pérennec, les fouilles du château de La Roche-Maurice ont mis au jour de très nombreux restes animaux ; Lydie Mano a deux mois pour évaluer la quantité exacte et cerner les études pertinentes à réaliser sur ces restes, essentiellement des os, mais aussi beaucoup d’écailles de poissons.
Quand le champ d’investigation sera délimité, des études plus précises auront lieu sur certains restes qui pourront nous en apprendre beaucoup sur la vie des Finistériens du Moyen Âge autour du château de Roc’h Morvan.
Les animaux, témoins du passé des humains
L’archéozoologue commence par reconnaître les os, identifier les espèces animales présentes sur un site, dans les différentes couches répertoriées (selon les époques), avant de déterminer de quelle façon les étudier plus précisément.
Les traces de découpe, de boucherie, indiqueront notamment si l’animal a été consommé par les humains et éventuellement de quelle façon il a été abattu ou préparé. On peut constater quelques variations dans le régime alimentaire des gens à travers les époques mais finalement assez peu ; il y a bien des époques pendant lesquelles on a mangé du chien mais c’était plutôt en période de disette, tout comme le cheval dont on constate que, très tôt, la consommation a été taboue. Si les animaux d’élevage sont consommés très jeunes (veaux, agneaux) et nombreux, c’est au contraire l’indication que la période était faste et qu’on pouvait se permettre de ne pas garder le bétail pour d’autres usages (lait, traction animale). En revanche, la consommation de vieux animaux de trait trahit plutôt un contexte de pénurie. Les pathologies sur le squelette des animaux montrent les traitements et soins qu’on leur apportait durant leur vie. Par ailleurs, l’utilisation des animaux ne se limitait pas à l’alimentation : leurs os ont pu servir à fabriquer des instruments de musique, les tendons des fils, les cartilages de poisson des colles, les bois de cervidés des objets de décoration…
En étudiant une faune locale, l’archéozoologue, peut aussi et surtout reconstituer l’environnement d’une époque, les interactions entre espèces : un grand nombre d’amphibiens indique la proximité de zones humides, le gibier celle d’une forêt, des prédateurs en quantité importante impliquent que leurs proies étaient aussi présentes, certains rongeurs ne mangent que du grain et leur présence indique celle d’un stockage de céréales. La connaissance des zoonoses permet aussi d’évaluer un état sanitaire, y compris pour les populations humaines. Les squelettes des rats porteurs du bacille de la peste ont ainsi permis de remonter le fil et le trajet des épidémies.
Lydie Mano n’est pas spécialiste d’une époque en particulier ; tout dépend des chantiers qu’on lui confie. Il lui arrive parfois (rarement) de travailler avec d’autres spécialistes pour obtenir des informations supplémentaires sur les restes animaux qu’elle étudie : génétique, anthracologie (charbons), malacologie (coquillages), palynologie (pollens) etc.