Capture d’écran du clip Yerna Fassè, © Back2Bam Production

Le projet Yeko de Yohann Le Ferrand réunit six artistes maliens et ouest-africains, pour dresser un portrait musical de chacun.

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Yeko, la façon de voir

Yeko, ça veut dire « la façon de voir », en bambara, la langue la plus parlée au Mali. C’est un projet de six titres, enregistré entre Bamako, Rennes, et Paris. Yohann Le Ferrand a rassemblé des artistes maliens principalement, pour illustrer par la musique, leur « façon de voir », voilà pourquoi Yeko. Et pourquoi un breton fait un album sur le Mali, c’est simple. Yohann est dans la musique depuis plus de 10 ans, et ses collaborations l’ont amené à voyager, il a vu le Mexique, Cuba, New-York, la Nouvelle-Orléans, Rabat, la Côte d’Ivoire, et en 2012 il pose ses valises au Mali. Il est tombé amoureux de ce pays, maintenant il habite autant au Mali qu’en Bretagne. Il a rassemblé des artistes emblématiques maliens ou ouest-africains, autour de son projet Yeko. L’objectif est de faire six portraits musicaux, pour six artistes différents. Mais à chaque titre, l’interprète est aussi l’auteur de son titre, il peut raconter l’histoire qu’il veut. Il a choisi des artistes de styles et d’horizons différents. On a du hip-hop avec le rappeur Mylmo, on se rapproche du reggae grâce à Kiko Dembélé, et on passe par une ballade plus posée, avec Tina, une ancienne danseuse, qui parle de la vie, de ses épreuves, et des relations humaines.

La légende Khaira Arby

Yohann Le Ferrand a appris la musique en autodidacte, il s’est fait la main en passant dans plusieurs groupes de musique bretonne, en écumant les fest noz pendant quinze ans. Il dit dans une interview, que ses amis lui disent parfois qu’ils entendent encore des sonorités bretonnes dans des morceaux qu’il pensait purement africain. Mais d’après lui, la musique bretonne n’est pas si loin de la musique malienne, car elles sont toutes les deux très liées à la danse. Et c’est pour ça que la connexion avec les artistes maliens s’est faite facilement. La plus belle collaboration sur ce disque, c’est sur Yerna Fassè, l’intro du disque, avec la chanteuse de Tombouctou, Khaira Arby. Malheureusement, elle est décédée entre l’enregistrement du morceau et le tournage du clip, elle n’a jamais pu entendre le produit fini. Yohann a passé un an sur les arrangements, pour sortir le meilleur morceau possible, et lui rendre le meilleur hommage, en publiant, ce qui est devenu le dernier enregistrement de Khaira Arby. Elle était aussi surnommée « le rossignol de Tombouctou ». Yerna Fassè a été enregistré chez elle, dans la chambre de son fils, avec Yohann. Elle parle d’une caravane de sel qui traverse le Mali du Nord au Sud, et qui distribue le sel dans les villes qui sont sur sa route. C’est une métaphore du bonheur, si tout le monde a sa part de sel, tout le monde est content. C’est le principe de bonheur partagé, c’est d’ailleurs la traduction de Yerna Fassè, bonheur partagé. Le titre est aussi un message d’unité et de paix pour le Mali.