Détail d’un marbre découvert à Rome en 50, Messaline et Britannicus, conservé au musée des beaux-arts de Lyon – photo par Scailyna – Wikimedia commons
Tout ce que nous savons des femmes romaines, du 1er siècle avant JC au 3e siècle, concerne la haute société… Mais même pour les Romaines aristocrates, les droits étaient limités, les contraintes nombreuses. Pauline Huon revient sur la condition féminine sous l’Antiquité romaine.
Merci à la Société archéologique du Finistère pour son précieux concours.
Réécoutez l'émission
Comme toujours, les personnes de condition modeste ont laissé peu de traces dans l’histoire ; les femmes romaines sont donc surtout connues au travers de personnalités de la haute société, essentiellement des femmes d’empereurs. Qui plus est, les historiens antiques (tous des hommes) étaient enclins à railler ou critiquer les femmes davantage qu’à les louer. Parmi les femmes de pouvoir restées dans notre mémoire collective, Agrippine la mère de Néron est surtout connue pour avoir empoisonné son mari l’empereur Claude et écarté Britannicus en faveur de son fils. Elle a pourtant écrit son autobiographie, dont seules quelques bribes nous sont parvenues… Les témoignages et récits attestent en tout cas de son caractère fort et de son ambition. Fulvie, troisième épouse de Marc-Antoine passait quant à elle pour être machiavélique et particulièrement cruelle. Outre les femmes d’empereurs, quelques courtisanes et artistes avaient aussi une place importante dans la société romaine.
Quelques droits économiques, aucun droit politique
Terentia, femme de Cicéron dont la fortune était considérable était connue pour posséder de nombreux biens, des immeubles… on pourrait dire qu’elle était une femme d’affaires de l’époque.
En 18, L’empereur Auguste accorde en effet aux citoyennes romaines le droit d’hériter en propre de leur père ou de leur mari (si elles ont plus de trois enfants). Les femmes sont supposées se remarier au décès de leur époux, ou après un divorce (auquel elles ont droit) mais ce ne fut pas toujours le cas et certaines veuves s’émancipèrent grâce à leur fortune. Les femmes n’ont pas de pouvoir politique officiel, mais elles peuvent soutenir des candidats aux élections, comme en témoignent des graffitis ; Eumachia, riche citoyenne de Pompéi (dont il subsiste une statue), est ainsi connue pour son mécénat.
Pour le reste, la femme romaine existe surtout comme épouse, qui se doit de gérer la domesticité, d’être chaste et fidèle.
Une émancipation vestimentaire
En s’émancipant économiquement, les nobles Romaines reprennent cependant à leur compte les codes des courtisanes : elles sortent, tiennent salon, s’habillent de vêtements légers, bien loin de la tenue traditionnelle de la matrone (la femme mariée) censée revêtir la stola (longue robe de laine) et la palla (manteau enveloppant y compris la tête). Les auteurs condamnent ce manque de vertu des « femmes modernes » : tissus de lin, coton, soie, en couleurs voire avec des motifs (qui indiquent aussi la richesse de l’élégante). Auguste tente d’y remettre bon ordre, sans succès ; sa propre fille Julie est connue pour ses relations amoureuses « décadentes » ; elle est même exilée un temps pour cause de comportement indécent.
Sous la République, est considérée comme belle la femme apte à avoir des enfants, mais d’une minceur extrême, à la poitrine menue. Elle sait jouer de son charme tout en gardant sa « dignitas » et en restant fidèle à son époux. Elle doit être cultivée mais ne fait pas étalage de son savoir ; elle rit, mais tout en retenue.
Quantité d’huiles parfumées et des maquillages dangereux pour la peau
Les Romaines s’enduisent littéralement des parfums venus d’Orient : on oint d’huile parfumée sa chevelure, son corps, ses vêtements et même les murs de sa chambre, on n’hésite pas à mêler les fragrances, pas toujours de très bonne qualité et certains hommes s’en plaignent, préférant les femmes non parfumées.
Le maquillage est outrancier : le teint de la noble romaine doit être pâle (mais pas maladif) et il est parfois à base de plomb qui abime la peau et ulcère celle-ci ; les joues sont rehaussées de vermillon, des khôls venus d’Inde soulignent le regard, du safran illumine les paupières, des paillettes font briller la peau…
Les coiffures sont plus extravagantes les unes que les autres et particulièrement travaillées : teintures (rousses comme les germaniques), frisures, chignons étagés postiches et coussins de crin, perruques… Les cheveux des Romaines sont longs et attachés (les cheveux détachés sont signes de deuil, et de sensualité).