Les humains voient souvent la plage comme un espace de loisirs et de repos quitte à oublier que c’est avant tout un milieu naturel sur lequel vivent et survivent de très nombreuses espèces végétales et animales sauvages. En veillant sur les Gravelots à collier interrompu, des oiseaux qui pondent à même le sol, Bretagne vivante fait aussi passer le message : attention à vos comportements en bord de mer.

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Réécoutez David Hémery, ornithologue de Bretagne vivante

Le bord de mer peut en gros être divisé en trois parties : l’estran, recouvert à marée haute et découvert à marée basse, la plage de sable au sec (sauf en cas de grande marée) et le haut de plage, parfois une dune si elle a pu être préservée.

L’importance de la laisse de mer

En haut de plage, on trouve la laisse de mer, tous les résidus organiques naturels laissés par les flots : cadavres d’animaux, algues arrachées.. et malheureusement on trouve aussi des déchets issus des activités humaines et qui polluent la laisse de mer. Car cette dernière est un élément primordial de la chaîne alimentaire littorale. Des bactéries consomment les résidus, des insectes, puis des oiseaux, des mammifères, etc. Les plantes de la dune profitent aussi des nutriments apportés par la laisse de mer.

Parmi les oiseaux sauvages habitués de la plage il y a les anatidés (canards), les laridés (mouettes, goélands), et les limicoles qui fouillent dans le sable et la vase (huitriers-pies, courlis…). Le Gravelot à collier interrompu est un limicole qui passe l’hiver en Afrique de l’ouest ou sur la péninsule ibérique et vient sur nos plages pour se reproduire.

Le cas particulier des Gravelots à collier interrompu

Pour les Gravelots à collier interrompu nos plages et beaucoup d’autres en France et en Europe sont des lieux de nidification de mars à juillet. L’ennui c’est que ces petits oiseaux rares et protégés pondent leurs œufs à même le sol sur les hauts de plage (laisse de mer, cordons de galets, cordons coquilliers, dunes etc), qu’ils sont de la même couleur que ces milieux, et que ces milieux eux-mêmes sont menacés. La plupart des nichées n’arrivent pas à terme. En moyenne chaque saison, il faudra deux couples pour donner un jeune viable, capable de voler. L’espèce est donc particulièrement en danger.

Les humains et les chiens perturbent l’écosystème de la plage

S’ils ne font pas attention, les humains peuvent être sources de dérangement des nichées, voire de destruction et plus encore les chiens laissés en liberté ! Un chien qui court après des oiseaux sur la plage c’est une perturbation coûteuse en énergie pour ces animaux sauvages qui, eux, ne peuvent pas compter sur une pâtée ou des croquettes servies automatiquement… Le stock d’énergie pour un oiseau sauvage, surtout migrateur, c’est une question de survie.

Paradoxalement, la présence humaine peut aussi être protectrice en faisant fuir certains prédateurs des Gravelots comme les corvidés. Il n’est pas question de préconiser l’arrêt des sorties humaines à la plage, mais il est très important de veiller à son comportement sur toute plage :

  • Ne pas amener son chien sur une plage où c’est interdit entre le 1er avril et le 30 septembre (ce n’est pas le cas de toutes les plages)
  • Tenir son chien en laisse, ne pas le laisser courir après les oiseaux
  • Au printemps et en été, marcher de préférence à marée basse quand il y a plus de place, et au printemps, éviter le haut de la plage
  • Dans les dunes, marcher sur les chemins balisés
  • Ne pas traverser un groupe d’oiseau (le contourner)
  • Ramener ses déchets après pique-nique ou partie de plage
  • Pour les opérations de nettoyage de plage, privilégier la saison froide

Pour en savoir plus sur les actions de Bretagne vivante en faveur du Gravelot à collier interrompu