Le volcanisme a marqué le passé lointain du Géopark d’Armorique. On en retrouve plusieurs traces dont certaines sont communes à notre territoire et au centre du Portugal. Martial Caroff, géologue enseignant-chercheur à l’UBO s’est penché sur cette question.

Le site internet du Géopark d’Armorique et la page Facebook du Géopark d’Armorique

Il y a deux grandes manifestations du magmatisme : le plutonisme (les magmas n’arrivent pas à la surface et c’est l’érosion qui nous révèle ce qu’ils sont devenus comme les granites) et le volcanisme dont les magmas arrivent à la surface quand ils sont en fusion. Il y a du volcanisme effusif (le magma sort lentement en coulée) et du volcanisme explosif (les fameux volcans en éruption). Le plus ancien volcanisme repéré dans l’actuel territoire du Géopark est localisé à Telgruc, et s’est produit entre 600 et 550 millions d’années avant notre ère. Des basaltes nous révèlent par ailleurs les dernières traces de volcanisme du secteur, à Plouyé, bien plus récent (330 millions d’années) comme celui d’Ouessant. Entre ces deux périodes, c’est du côté de Crozon que les scientifiques ont pu observer et étudier le volcanisme de l’Ordovicien (il y a 470 millions d’années). Ils ont d’abord étudié les coulées sorties sous la mer à de grandes profondeurs et, contraintes par la pression de l’eau, restées « sages » : la lave a formé comme des coussins et on peut observer aujourd’hui ces « pillows lavas » sur la pointe de Lostmarc’h. 

Un champ de volcans à l’Aber

Le magmatisme peut intervenir à l’occasion de la formation d’une chaine de montagne, ou pas… À Crozon, le volcanisme ordovicien est intervenu en dehors de ce type d’épisode. Il s’est produit car la plaque Armorica sur laquelle notre territoire était alors (une petite plaque alors attachée au nord de la grande plaque Gondwana) a connu quelques failles et le magma est remonté. Il y a bel et bien eu des éruptions et des volcans dont on trouve cette fois les traces à l’Aber. C’est même tout un champ de volcans qui a surgi de la mer (peu profonde, environ 100 mètres) en quelques années ou décennies, sur le modèle de l’île de Surstey en Islande. On connait notamment les conditions de l’éruption grâce aux fossiles associés aux roches magmatiques ; des fossiles d’une faune marine (il n’y avait pas d’animaux à l’époque sur la terre ferme). Ce champ volcanique ne devait pas excéder quelques centaines de kilomètres.

Le même socle géologique à l’Aber et à Coimbra au Portugal

On sait aussi ce qu’est devenu ensuite ce champ de volcans. Comme le reste de la plaque Armorica et les sédiments qui en constituaient le socle, ce champ s’est cassé et une partie a dérivé au moment de la naissance de la chaîne hercynienne, jusqu’à se retrouver aujourd’hui au centre de la péninsule ibérique au Portugal à Coimbra. Martial Caroff et son équipe ont étudié les sols des deux régions et les similitudes sont frappantes !