Photo de couverture : Romainbehar, CC0, via Wikimedia Commons
Qu’est-ce qui fait patrimoine ? Pourquoi pas les éléments les plus anciens et les plus rares de notre réseau routier… C’est en tout cas le centre d’intérêt de quelques passionnés comme Iwan Le Clec’h qui inventorient avec le soutien de la Région Bretagne les trésors de la route d’antan.
Le site internet Karteenn de la Région Bretagne et sa cartographie des patrimoines
Réécoutez l'interview d'Iwan Le Clec'h
Géographe et passionné par l’aménagement du territoire et des mobilités, Iwan Le Clec’h s’est mis, à ses heures perdues, à répertorier les éléments du patrimoine routier. En particulier dans son cas, la signalétique. Il a commencé à le faire dans le pays de Morlaix car ce territoire s’est montré intéressé.
L’ancienneté et la rareté qui méritent d’être préservées
En effet, le patrimoine routier pourrait s’apparenter à un patrimoine industriel. Ses composants témoignent d’une activité humaine désormais plus que centenaire : la mobilité terrestre automobile. C’est bien pour accompagner le développement des voitures, camions, deux roues à moteur thermique qu’on s’est mis à construire des routes asphaltées, puis des ponts, des tunnels qui constituent la partie « infrastructure » du patrimoine routier, tout comme les rails peuvent devenir un patrimoine ferroviaire. il faut cependant des compétences spécifiques pour déterminer les ponts ou ouvrages intéressants et pour les décrire dans un inventaire.
Pour qu’un objet ou une pratique fasse patrimoine, il faut qu’il ou elle affiche une certaine ancienneté et qu’elle tende à se raréfier, pour cause d’évolution. La route évolue sans cesse dans notre pays et dans le monde. Certaines sont devenues quasi mythiques et assorties d’un imaginaire comme notre Nationale 7 ou la 66 road américaine.
Stations service, plaques de cocher et autres panneaux indicateurs
A part l’infrastructure, les autres éléments du patrimoine routier peuvent être les bâtiments de bord de route : stations service, relais postaux, commerces et restaurants routiers… En Bretagne, il y en a encore beaucoup et peu sont vraiment intéressants en tant que patrimoine à conserver. Car c’est bien l’objectif des inventaires du patrimoine : recenser, photographier, décrire pour sauvegarder.
Ce qui intéresse le géographe, c’est encore un autre type de patrimoine, plus vernaculaire, celui des panneaux et de la signalisation routière. C’est vrai, certains sont très « vintage » !
Si les fontaines des siècles passés font l’objet d’inventaires, pourquoi pas les plaques de cocher ? Ces dernières étaient apposées sur les maisons entre le rez-de-chaussée et le premier étage, pour indiquer aux cyclistes et aux conducteurs de diligences, puis d’automobiles, les principales directions. On estime qu’il en reste 10 000 en place en France
Pour retrouver des vieux panneaux apposés par Michelin ou Citroën – avant l’invention du code de la route et des panneaux normés – Iwan Le Clec’h préfère arpenter le terrain à pied ou à vélo, ce qui lui donne aussi l’occasion de se balader. Les panneaux indicateurs ou de sécurité servaient en effet de support de publicité jusqu’à ce qu’on l’interdise dans les années 1920. Les publicités routières anciennes peuvent d’ailleurs elles aussi être considérées comme patrimoine routier à partir du moment où elles s’adressaient d’abord aux automobilistes.