Le confinement lié au Covid-19 nous a fait comprendre combien nous avions besoin d’aller dehors, de reprendre contact avec les éléments naturels. Pourtant, les enfants sont de plus en plus sédentaires et tournés vers l’intérieur. Eau et rivières de Bretagne propose des formations aux enseignantes et enseignants qui souhaitent pratiquer « l’école du dehors ».

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Cette idée d’emmener régulièrement les élèves à l’extérieur de l’école vient de pays où il peut faire bien froid et humide, ceux d’Europe du nord, ou bien la Grande-Bretagne et ses « forest school ». En France, le mouvement commence tout juste à prendre son essor, surtout depuis que l’épidémie de Covid-19 et ses confinements nous ont donné des envies de dehors.

Des enjeux liés à l’écologie, la santé des enfants et les apprentissages

Depuis plusieurs années, des pédagogues réclament le retour d’un contact régulier des enfants avec la nature au sens large. Les humains sont d’ailleurs des membres de cette nature et il est normal de garder contact avec les autres vivants mais aussi les éléments comme le vent, la pluie … ou les minéraux comme le sol, les roches, etc. Non seulement les adultes aspirent à ces « bains de nature » mais on s’inquiète aussi de notre sédentarité généralisée, accentuée par l’abus des écrans de toutes sortes. Cela aura des effets sur notre santé mais aussi sur notre sensibilité à l’environnement. Les communes revégétalisent d’ailleurs progressivement les cours d’école.

Pour protéger la planète, son habitat, l’humanité doit aussi comprendre les liens entre tous les éléments naturels, les fameux « écosystèmes »dont dépend sa survie.

Voici pourquoi se développe depuis quelques mois l’école du dehors, née d’un souhait des professeurs de remettre en contact les élèves avec ces éléments naturels. Des associations naturalistes comme Eau et rivières de Bretagne ont toutes les compétences pour former ces profs à l’école du dehors.

Les élèves de Rosnoën à l’école du dehors

Anouck Bonjean, éducatrice à l’environnement, se veut rassurante : pas besoin d’un gros dispositif ni d’un vaste espace sauvage à proximité de l’école, ni de grands moyens : l’école du dehors se joue sur quelques ingrédients de base.

En premier lieu, il faut un espace extérieur de proximité. Si la « nature » est restreinte, on peut se contenter de parcourir le quartier en étant attentif aux sons, aux végétaux et animaux malgré tout présents, à la météo… L’idéal, c’est quand l’établissement dispose d’une aire terrestre éducative (un autre outil de pédagogie par la nature, plus poussé) à portée de main.
À l’école de Rosnoën c’est un verger voisin qui sert d’espace. Les enfants de CM mais aussi de petite section maternelle, car il n’ y a pas d’âge pour commencer l’école du dehors, vont chaque semaine dans ce verger.
Car un autre principe important de l’école du dehors c’est la régularité : il s’agit de se rendre toujours au même endroit et en toutes saisons, une demi-journée par semaine, pour observer les changements au fil du temps. La sortie doit aussi être ritualisée, notamment dans son déroulement.

La pédagogie par la nature

La séance commence par un temps pendant lequel chaque enfant est laissé seul avec son environnement, sans rien faire d’autre qu’observer. Suit une collecte sur le thème choisi (feuilles, insectes ou minéraux) puis une récréation, ensuite un travail collectif d’analyse de la collecte ou d’autres expériences, du dessin d’observation ou une création artistique, une pratique sportive. En extérieur, on met tout son corps au service de l’apprentissage.

Pour les maternelles, il y a davantage de logistique et de préparation (y compris des parents). Il faut plus de temps pour habiller les petits mais, avec un équipement adapté, tout le monde passera un bon moment. Ce temps de dehors est important pour la motricité, la sensorialité, l’autonomie, l’acquisition de vocabulaire. Un tout-petit peut se rendre compte de toute la complexité du monde quand toutes les formes ne sont pas artificielles.

Les CM vont acquérir des compétences liées à l’entraide, au travail collectif. On peut leur faire travailler aussi la symétrie, les sciences naturelles bien sûr, ou encore la lecture de paysage et des notions d’économie liées à l’impact humain sur ce paysage.

Les enfants sont bien plus acteurs dans l’école du dehors que sur une chaise. Les profs doivent quant à eux faire preuve de souplesse mais la sortie fait forcément écho au travail en classe : recherche documentaire, examen des données et matériaux récoltés, etc.

Si on est en milieu urbain, la sortie sera sans doute moins naturaliste mais elle offrira peut-être davantage d’occasions de rencontrer d’autres personnes, de les interroger, de s’intéresser à l’organisation de la ville, à ses institutions ou aux activités, etc. La curiosité des enfants sera de toute façon sollicitée et entretenue.