Guillaume Hardy responsable du centre ressources de l’espace associatif de Quimper Cornouaille a relu le Manuel de l’animateur social du sociologue américain Saul Alinsky et il nous explique comment ses idées peuvent inspirer le fonctionnement de nos associations loi 1901.
La chronique de la vie associative est proposée chaque mois dans Lem par l‘Espace associatif de Quimper-Cornouaille
Saul Alinsky est un sociologue américain du XXe siècle qui a beaucoup travaillé sur l’organisation des communautés (y compris la mafia) mais aussi les techniques d’animation et de participation civique. L’ancien président des Etats-Unis Barack Obama a fait référence à ses travaux et les a remis en lumière. Aujourd’hui, la pensée de Saul Alinsky est considérée comme inspiratrice de la gauche radicale américaine.
Radicalisme non violent
Sa vision du « radicalisme » a beaucoup inspiré les maisons de quartier et associations d’éducation populaire en particulier pour prévenir ou résoudre les problèmes sociaux. Rules for radicals – Manuel pragmatique pour radicaux réalistes est son ouvrage phare. Le sociologue y examine les problèmes sociaux dans leur globalité et suggère de bien étudier le terrain et d’écouter les habitants des quartiers dits sensibles, puis d’identifier les leaders d’opinion, de créer des groupes de citoyens qui vont faire pression pour obtenir des améliorations concrètes de leur quotidien. c’est ce qu’on appellera plus tard l’ « empowerment » ou l’appropriation par les populations concernées de la résolution de leurs problèmes : participation collective, civique, citoyenne … autant de termes qui ont pris de l’ampleur dans le discours politique et qui deviennent réalité pour bien des associations ou collectifs, y compris en France.
Stratégies pour lancer et préserver l’action collective
Passer des revendications individuelles à une logique collective suppose donc d’abord par une connaissance fine du terrain ; jusqu’aux discussions en tête à tête qui permettront de dégager la problématique commune dans laquelle tous se reconnaissent. Ensuite, Saul Alinsky préconise de monter une action simple qui soudera le collectif (sans chercher d’abord à résoudre le problème), comme par exemple une conférence ou une causerie, ce qui permet aussi de se faire connaître, sans s’épuiser. Viendront ensuite les actions plus ciblées et destinées à l’objet de la « lutte » ou de l’action collective (permanences, réunions, rencontres avec des décideurs, constitution d’un réseau, etc.) ; du travail, certes, mais sans oublier de passer des bons moments ensemble !
La posture de leader
Le « leader » / fondateur doit alors savoir s’effacer et se rendre inutile. Il peut devenir salarié de l’association mais en quitte alors l’administration. Plus qu’un porteur du projet, il devient alors garant du maintien du collectif, avec un sens de l’adaptation, de l’improvisation, de l’écoute… et de l’humour !
Téléchargez le Manuel de l’animateur social de Saul Alinsky (en attendant les rééditions)