Le kanndi de Rozonoual à Commana, où on blanchissait et lavait la fibre de lin, a été entièrement reconstruit par l’association Lichen.
La culture et la transformation du lin en toiles pour les voiles de navire ont marqué l’économie de toute une partie du Finistère (et de la Bretagne) du 15e au 19e siècle. L’association Lichen en a restauré un élément du patrimoine : le kanndi à Commana. Dans ces bâtiments, très nombreux à l’époque, on blanchissait la fibre de lin.
L’association Lichen valorise le patrimoine de Commana et propose des visites commentées gratuites du kanndi de Rozonoual.
Visitez le kanndi
Kanndi en breton signifie littéralement « maison à blanchir’. Dans les monts d’Arrée, on a construit des centaines de ces « buanderies » à l’époque florissante de l’activité du lin, du 15e au 19e siècle.
L’activité économique liée au lin, du 15e au 19e siècle
Les graines de lin étaient achetées à Riga, au bord de la mer Baltique, où se trouvaient les semenciers spécialisés, puis cultivées dans le nord du Finistère (la zone légumière aujourd’hui). Quand la plante avait poussé, 100 jours plus tard, les tiges vertes du lin se paraient de petites fleurs bleues. Arrivé à maturité, le lin était arraché et séché en gerbes. Ensuite, on le laissait tremper dans l’eau pour atteindre un début de pourrissement : le rouissage. Il s’agissait de dissoudre la pectine qui lie bois et fibres.
Une fois séchées, les tiges étaient ensuite passées au teillage, il s’agit là de casser le bois qui se trouve au milieu de la tige. On obtient ainsi la filasse que l’on peigne. Les fibres les plus courtes issues du peignage appelées étoupes servent à faire des joints dans divers domaines (plomberie, navigation…). Le lin est ensuite filé et mis en écheveaux. Une spécificité du Léon réside dans le blanchiment du fil et non de la toile finie comme ça se pratiquait en Côtes-d’Armor. Cette opération de blanchiment se pratique dans les kanndi ou maison buandières. Lin & Chanvre en Bretagne a répertorié plus de 600 kanndi sur le territoire du Nord-Finistère.
On trouvait des métiers à tisser dans toutes les fermes des monts d’Arrée. Les toiles de lin étaient surtout destinées à la fabrication des voiles des navires espagnols, portugais ou anglais. C’était un produit à haute valeur ajoutée qui a fait la fortune des paysans-marchands de toile de Morlaix et des alentours : les juloded. Ils ont fait construire les fameuses maisons à avancée (kuzh-taol ou apoteiz) et les enclos paroissiaux de l’arrière-pays de Morlaix.
Une fibre de lin blanchie dans le kanndi 6 à 7 fois
C’est au moment de blanchir la fibre qu’intervenait le kanndi. Dans cette maison, on trouvait une cheminée, une énorme cuve en granit et un lavoir. Les trois éléments essentiels pour l’opération du blanchiment : on trempait les fils de lin dans une eau chauffée à la cheminée, additionnée de cendre de hêtre. Puis la fibre était rincée dans le lavoir avant d’être étalée au soleil, près des maisons pour éviter de vol. L’opération de blanchiment pouvait être renouvelée jusqu’à 6 ou 7 fois La commune de Commana a compté jusqu’à 59 kanndis, ce qui donne une idée de l’importance de l’activité linière (jusqu’au 19e siècle).
L’association Lichen a retrouvé les fondations du kanndi de Rozonoual où la cuve de blanchiment, le lavoir et les fondations du bâtiment avaient été conservés sur place. La maison a été reconstruite par les bénévoles de l’association avec des pierres, du bois et de l’ardoise des monts d’Arrée. Le kanndi est en accès libre mais les bénévoles de l’association proposent des visites commentées gratuites du kanndi sur demande toute l’année. Passez par la mairie de Commana pour les contacter.
Lichen est membre de l’association Lin et chanvre en Bretagne