Après les paradis, vous ne pouvez pas y échapper, voici les enfers tels qu’on les percevait dans les contes et légendes de Cornouaille.
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La notion d’enfer a évolué selon les populations qui peuplaient l’Armorique et plus spécifiquement la Cornouaille bretonne. Il y avait un royaume des morts pour ceux qui n’allaient pas au Paradis celte. Ce royaume était celui de Cernunnos, Arawn chez les gens du pays de Galles qui reviendront par la suite s’installer en Finistère aux Vème et VIème siècles.
Selon certaines descriptions trouvées sur Internet qui malheureusement ne citent pas leurs sources bibliographiques, l’Enfer des Celtes était un monde d’en bas, une région sombre et terrible, inaccessible aux rayons du soleil, infestée d’insectes venimeux, de reptiles, d’ours dévorants et de loups carnassiers. Les coupables, toujours dévorés, comme le Prométhée des Grecs, renaissaient pour souffrir encore. Les grands criminels étaient enchaînés dans des cavernes encore plus horribles, plongés dans un étang rempli de couleuvres, et brûlés par le poison qui sans cesse gouttait de la voûte.
Les gens qui ne s’étaient pas distingués de leur vivant, résidaient au milieu de vapeurs épaisses et pénétrantes, qui s’élevaient au-dessus de ces affreuses prisons. Le plus grand supplice était le froid glaçant qui tourmentait les corps des habitants, et qui donnait son nom (I furin), à cet enfer désolant.
Plaine des morts, fantômes, démons et monstres
Ce premier royaume s’appelait Tir Macha en Irlande, appelé aussi Annwn au pays de Galles qui donnera le breton « anaon », ou ou encore la Plaine des Morts. C’était un endroit sinistre peuplé de fantômes, de démons et de monstres.
Le ciel y était toujours sombre et déchiré d’éclairs aux étranges couleurs, et le tonnerre y était remplacé par des cris de souffrance. Le sol était de cendres noires et les forêts étaient d’angoissantes étendues de végétation morte et pourrissante. Les âmes égarées ou volées y erraient en peine, les offrandes refusées s’y décomposaient, mais il y poussait parfois une fleur merveilleuse qui, si on la trouvait, permettait de changer de royaume et d’accéder à celui des fées.
Concernant l’enfer des chrétiens, l’idée était autrefois répandue en Cornouaille qu’il était situé à l’intérieur du globe.
Au XVIIIème siècle, selon la revue des traditions populaires et Paul Sébillot, on disait par ici qu’ils étaient au centre de la Terre, à 1250 lieues du sol (1 lieue vaut environ 4.3 kms donc pour ceux qui n’ont pas envie de calculer, 1250 lieues valent environ 5375 kms).
Nous avons en Cornouaille deux textes qui nous permettent de nous faire une idée sur les enfers. Le premier fut recueilli par Anatole Le Braz en 1891 auprès de son propre père tandis que le deuxième se transmet depuis longtemps à Châteaulin pour mettre en garde quiconque aurait envie d’escroquer son prochain.
Si l’on fait la synthèse de ce qui est dit dans les contes et légendes de Cornouaille, l’enfer chrétien commence par une plage dans laquelle sont enterrés des rochers en or qui affleurent pour tenter ceux qui passeraient par là. Quiconque en vole est emporté aussitôt par le diable. Cette plage borde une mer de flammes au centre de laquelle se trouve une ile. Sur cette ile se trouve la résidence du diable, un pandémonium sous la forme d’un château de métal porté au rouge avec des écuries dont les chevaux sont des damnés et qui ont des mains à la place des sabots. Chaque pièce du château est une salle de torture ou les âmes perdues souffrent mille morts par des supplices toujours renouvelés.