Le nouvel album des Mamans du Congo et de Rrobin cherche à émanciper les femmes africaines en revisitant les berceuses oubliées du Congo avec de la musique hip-hop et des percussions électronisées.
Les Mamans du Congo: émancipation et tradition
Les Mamans du Congo, groupe de musique afro-féministe, a été créé en 2018 à Brazzaville. Il est mené par la chanteuse et percussionniste Gladys Samba. Alors que le terme de ‘maman’ est couramment utilisé pour désigner une femme en âge de procréer, l’artiste lui donne un sens bien plus large. Pour elle, ‘maman’ indique une femme de valeur, prête à tout, une guerrière qui ne se cantonne pas à la place que l’homme a bien voulu lui laisser.
Les femmes qui accompagnent Gladys Samba dans le groupe ne sont pas toujours les mêmes. En effet, au Congo, les maris imposent à leurs femmes de choisir entre pouvoir chanter et pouvoir rester à la maison. Gladys Samba a elle aussi dû lutter pour chanter. Ses frères étaient hostiles à l’idée qu’elle chante et fasse de la musique. La chanteuse témoigne qu’elle s’est plusieurs fois retrouvée à la porte de retours de concerts.
Dans cet album, les Mamans du Congo chante en lari l’histoire du peuple congolais et l’émancipation de la femme. Ces chants revisités encouragent les femmes à sortir du rôle qui leur est imposé par le patriarcat. Par exemple, dans la chanson Boom, le groupe évoque l’influence des belles mères sur les belles filles qui ont tendance à les traiter comme des esclaves.
Pour Gladys Samba, «L’émancipation des femmes va de pair avec la tradition». Pour elle, «il faut la connaître pour la moderniser, et ainsi être sur le même pied d’égalité avec les hommes ». Par ces berceuses revisitées et ces chœurs envoûtants, la volonté du groupe est de donner de la voix pour la femme africaine.
Rrobin: collaboration et modernisation
L’objectif mené par le groupe est de préserver et faire revivre les comptines ancestrales du Congo. Pour Les Mamans du Congo, il est primordial de valoriser cette tradition culturelle. Pour moderniser ces berceuses oubliées, Les Mamans du Congo se sont associées à Rrobin, un beatmaker français. On retrouve alors dans l’album un mélange équilibrée entre chants traditionnels, chœurs envoûtants, percussions électronisées et musique hip-hop.
Les Mamans du Congo ont l’habitude de rythmer leurs chants grâce à du matériel de récupérations ou des instruments dénichés à la maison. Fourchettes, assiettes, paniers, pilons,… comme un pied-de-nez à l’espace qui leur est d’ordinaire réservé: le foyer familial et surtout la cuisine. Ces instruments originaux n’ont pas perturbé Rrobin. Lui qui dés tout petit est attiré par les bruits qui l’entourent comme les essuies glaces de la voiture ou les clignotants, s’est donc retrouvé dans son élément avec Les Mamans du Congo.