L’une des formations du réseau paysan et rural Civam qui rencontre un grand succès c’est celle destinée aux couples qui se lancent ensemble dans l’exploitation agricole. Ce choix est en effet un gage de réussite mais il n’est pas toujours facile d’atteindre l’équilibre entre l’affectif et le professionnel.

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Le site internet du cabinet de formation Autrement dit

« Œuvrer en couple pour allier efficacité et bien-être », c’est le titre de cette formation proposée par le cabinet de psycho-sociologie Autrement dit de Brigitte Chizelle et Dominique Lataste, qui sont eux-mêmes un couple. Même s’ils n’interviennent pas exclusivement dans le domaine agricole, c’est tout de même leur milieu de prédilection et cette formation sur l’exploitation agricole en couple est très prisée. Le Civam du Finistère le confirme (il y a une liste d’attente).

La production agricole : une « œuvre commune » davantage qu’un simple travail

Pour les jeunes couples qui souhaitent s’installer en agriculture/élevage, il est important d’aborder la question de leur relation amoureuse, affective, voire familiale en amont, avant même l’installation. C’est une demande de plus en plus récurrente, comme le constate le Civam du Finistère, même si parfois des couples plus âgés et déjà installés suivent aussi la formation.
Le choix du terme « œuvrer » pour l’intitulé de la formation a été pensé : il s’agit d’envisager la ferme comme un tout, c’est une activité professionnelle, certes, mais c’est aussi un lieu d’habitation la plupart du temps, un métier-passion, une activité utile et finalement un mode de vie, une « œuvre commune » davantage qu’un simple travail.

Cette dimension globale de l’agriculture présente ses avantages (liberté et autonomie) mais aussi des inconvénients (porosité entre le professionnel et le personnel). Le fait d’entreprendre à deux est à la fois rassurant et aidant, mais il y a aussi un risque de contamination en cas de situation stressante.

Bulles d’insouciance et parité

La formation consiste à identifier cette complexité liée aux multiples facettes de l’agriculture en couple. Il s’agit aussi de cerner les situations qui créent des tensions pour les anticiper et les gérer, et éviter qu’elles ne dégénèrent, qu’il s’agisse de tensions liées au quotidien, aux habitudes ou aux ressentis de chaque membre du couple, ou qu’il s’agisse de situations liées à des facteurs externes (aléas climatiques). Il s’agit aussi de se ménager des « bulles d’insouciances » car l’activité agricole est certes passionnante mais particulièrement envahissante.

Quant à la répartition des tâches, elle est parfois fidèle aux « clichés de genre » mais elle évolue aussi notablement : les femmes prennent désormais toute leur place dans l’exploitation, à part égale de leur conjoint, voire à la tête de l’entreprise. Elles aussi sont « les patronnes » au même titre que les hommes et ce souhait de parité est de plus en plus présent à l’esprit des jeunes couples qui se lancent en agriculture.

La famille agricole

Sur la question de la parentalité en agriculture, Brigitte Chizelle se veut rassurante. Les enfants en milieu agricole ont tout de même la chance d’avoir des parents très présents, dont ils comprennent bien la profession, à laquelle ils peuvent participer (ce qu’ils aiment souvent faire) et ils sont d’ailleurs plus autonomes que la moyenne. « L’avantage de la famille agricole, c’est qu’elle raisonne beaucoup à la 2e personne du pluriel, explique Brigitte Chizelle, avec un « nous » qui inclut les enfants ». Bref, les parents paysans n’ont aucune raison de culpabiliser !