Élyne Dugény, doctorante de l’Ifremer au Lemar de Brest (laboratoire de biologie marine) étudie les réactions des huîtres à la présence des algues dans leur environnement. Et elle a constaté que les algues vertes fragilisaient grandement les coquillages.
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L’huître, témoin parfait de l’état de l’environnement
Les huîtres sont des capteurs sensibles et pratiques des impacts du dérèglement climatique et des pollutions sur le milieu naturel. Présentes dans toutes les mers du globe, fixées au même endroit toute leur vie, elles filtrent l’eau de mer et ses composants (y compris les indésirables) et sont cependant assez résistantes. L’Ifremer produit ses naissains d’huitres creuses, typiques mais néanmoins variées génétiquement pour être conformes à celles qu’on trouve en milieu naturel. Ces huîtres « naïves », exemptes de toute agression ou exposition aux facteurs extérieurs, sont prêtes pour les expériences des scientifiques. Au Lemar, Élyne Dugény s’intéresse plus précisément à l’influence des communautés environnantes sur le risque infectieux de l’huître creuse ; c’est le sujet de sa thèse. D’autres chercheurs du Lemar utilisent aussi les huîtres pour mesurer les impacts de l’acidification de l’océan, de la hausse des températures ou de la présence de micro-plastiques sur la santé de ces invertébrés emblématiques (qui sont aussi une ressource économique).
Les huîtres exposées aux algues vertes résistent beaucoup moins bien à une attaque virale
Pour Élyne Dugény, la recherche consiste à placer différents groupes d’huîtres creuses Crassostrea gigas, dans des environnements d’algues brunes, rouges ou vertes, puis à exposer les bivalves à un virus : l’Ostreid Herpes Virus, OsHV-1. Les huîtres entourées d’algues vertes résistent alors beaucoup moins bien au virus : la chercheuse a constaté l’appauvrissement de leur microbiote (toutes les bactéries qui participent aux fonctions vitales du coquillage). Des résultats qui vont conforter la nécessité de lutter contre la présence des algues vertes, en particulier dans les bassins ostréicoles. Bien sûr, la résistance du microbiote varie en fonction des gènes des différents individus ; d’où l’importance de maintenir la diversité génétique au sein des élevages (et d’éviter les clones).
Nommée Jeune ambassadrice de l’Alliance pour la recherche sur l’Océan Atlantique, Élyne est appelée à poursuivre sa mission de vulgarisation auprès du grand public, comme elle a brillamment commencé à le faire en remportant la finale régionale 2020 du concours Ma thèse en 180 secondes.