Doctorant au Lemar (laboratoire de biologie marine) pour l’Ifremer, Jean-Baptiste Quéméneur scrute la cellule des poissons, plus précisément des bars. Et plus exactement il s’intéresse aux mitochondries qui alimentent les cellules en énergie.
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Les bars, poissons nobles et prisés, sont un sujet d’études intéressant pour l’Ifremer, du fait de leur valeur économique. Le travail de Jean-Baptiste Quéméneur va contribuer à évaluer l’impact d’un changement d’environnement sur la santé des poissons, mais en passant par la cellule.
Les mitochondries, usines de production d’énergie des cellules
Le biologiste se concentre en effet sur les mitochondries. Ces éléments de la cellule se présentent elles-mêmes comme des bulles – en forme de pomme de terre ou de haricot – remplies de protéines, dotées d’un ADN spécifique (mitochondrial) et entourées de deux membranes. Elles produisent en quelque sorte le carburant qui sert à faire fonctionner la cellule en transformant les nutriments de l’alimentation en ATP (adénosine triphosphate) et en utilisant également l’oxygène de la respiration (du CO2 est rejeté au cours de ce processus). Bref, sans les mitochondries, ni les humains, ni les bars ne pourraient vivre.
Dans le cadre de sa thèse au Lemar, Jean-Baptiste Quéméneur travaille sur 80 bars élevés par l’Ifremer en bassin ; grâce à des biopsies, il prélève à plusieurs reprises, à intervalle d’un à 3 mois, des tissus du muscle rouge, essentiel à la nage des bars. Pour chaque poisson, il observe les liens entre le rendement des mitochondries (la production d’ATP fournie par molécule d’oxygène consommée) et les performances individuelles. Pour l’instant, le biologiste ignore encore s’il y a un lien entre l’efficacité des mitochondries et la performance de nage, mais il constate que les mitochondries les plus efficaces le restent au fil du temps.
L’impact de l’environnement sur les mitochondries
Pour étudier l’impact de l’environnement sur l’efficacité des mitochondries, le chercheur pourrait à terme séparer les poissons et modifier les conditions de vie de certains pour comparer leurs cellules avec celles d’un groupe contrôle.
Jean-Baptiste Quéméneur étudie aussi l’impact d’une hypoxie (raréfaction de l’oxygène) sur l’efficacité des mitochondries. En effet, le réchauffement climatique réduit l’oxygène global dans l’océan (qui absorbe plus de CO2) et, localement, en favorisant la prolifération des micro-algues qui consomment cet oxygène et concurrencent les autres espèces comme les poissons (eutrophisation). Il s’agira de vérifier que les mitochondries des bars s’adaptent (ou non) à la raréfaction de l’oxygène dans l’eau.