C’est l’une des deux montagnes sacrées du département du Finistère : le Menez-Hom. Ancien haut lieu de la religion celtique locale, le Menez-Hom est une matrice de légendes que vous allez découvrir en remontant le temps.
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Un ancien culte solaire pré-celtique
D’après ce que l’on sait, le Menez-Hom a toujours été un lieu sacré. Le culte pré-celtique qui y était rendu concernait sans doute le soleil si l’on en croit les pierres dressées que l’on pouvait voir sur ses flancs jusqu’à la fin du XIXème siècle. Vinrent ensuite les celtes qui y adorèrent une déesse appelée Bélisama en Gaule ou Brigit en Irlande, une des avatars de la déesse mère celte comme le montre la statuette découverte sur ses flancs en mai 1913 par M. Labat, un agriculteur de Dineault. On ne connait l’histoire de cette déesse que par les récits mythologiques irlandais qui ont pu parvenir jusqu’à nous. Considérant la place de Bélisama/Brigit dans le panthéon celtique, on pourrait dire que l’importance du Menez-Hom à l’époque équivalait à celle de Lourdes pour les chrétiens d’aujourd’hui.
Chapelle templière de Sainte-Marie-du-Menez-Hom
Comme le Menez-Hom était un haut lieu de culte celtique, l’église a dans un premier temps tenté de le récupérer. Saint Brieuc dans un rêve le décrit comme le centre du monde avec une colonne brillante s’élevant jusqu’au ciel. Finalement ce sont les templiers qui marqueront le lieu de leur empreinte avec la construction d’un comptoir avec une chapelle, à l’emplacement de la chapelle actuelle de Sainte-Marie du Menez-Hom. La disgrâce de l’ordre touchera aussi l’endroit. Il deviendra le repère du Diable en Bretagne.
Exorcisme en lien avec le Yeun Ellez
La tradition en fait aussi le point de rendez-vous des esprits mauvais que les prêtres exorcistes de Basse-Bretagne ont chassé des corps des possédés. En effet, chaque fois qu’ils le pouvaient, les exorcistes enfermaient les esprits mauvais dans un chien noir. Le prêtre enroulait ensuite son étole autour du cou de l’animal pour retenir l’âme damnée à l’intérieur. Des colporteurs devaient ensuite emmener le chien jusqu’au marais du Yeun Ellez où il était précipité pour que l’âme damnée retourne directement en enfer. Oui car dois-je le rappeler, le Yeun Elez possède un accès direct vers les enfers. Mais parfois l’âme damnée parvenait à s’échapper dans un bruit de tempête. Elle était alors récupérée par le diable qui venait la stocker en haut du Menez-Hom, à l’intérieur du cercle de pierres en attendant de savoir vers qui il allait la renvoyer. Cette enceinte concentrait des forces démoniaques si redoutées que personne n’osait s’y aventurer après le coucher du soleil. On y trouvait aussi les anaons, des vieilles filles volontaires, celles qui avaient toujours refusé de se marier. Après leur mort, elles devaient rester coincées en haut du Menez-Hom et se laisser pousser les ongles pour pouvoir se creuser une tombe avec les mains. Quiconque connait le sommet du Menez-Hom peut se rendre compte que la roche hercynienne y affleure et que la pénitence de ces pauvres vieilles filles devait durer très longtemps. C’est également là que l’Ankou vient, chaque 31 décembre. Sa tête fait un tour complet sur son cou pour voir dans toute la région qui il emportera dans l’année qui vient.
Tour de guet pour prévenir les invasions vikings
Mais le Menez-Hom désormais de sinistre réputation avait aussi son utilité. A l’époque des raids vikings, entre le 8ème et le dixième siècle, un brasier y était installé en permanence afin de prévenir des invasions que l’on voyait venir de loin dans l’embouchure de l’Aulne. Le feu, allumé en cas de danger, était répercuté sur la montagne de Locronan, puis sur la « Roche du feu » près de Gouezec en vue de prévenir toute la région autour de Châteaulin. Et oui comme dans le Seigneur des Anneaux !
Roman d’Aquin et légende du Roi Marc’h
Enfin, le Menez-Hom est un endroit unique où se retrouvent superposées une légende de la Matière de France et une légende de la Matière de Bretagne. Deux matières qui ne se rencontrent normalement jamais. La légende de la Matière de France, c’est le cycle lié à Charlemagne et à ses preux. Pour le Menez-Hom, elle raconte le roman d’Aquin, une chanson de geste du 13ème siècle qui décrit la conquête de la Bretagne armoricaine par un roi Viking nommé Aquin puis comment Charlemagne lui a reprise. Aquin, défait par l’empereur à la barbe fleurie, finit tué en duel et enterré anonymement au pied du Menez-Hom afin que son souvenir ne soit pas perpétué.
Pour la Matière de Bretagne qui, elle, raconte le roi Arthur et les chevaliers de la Table Ronde, c’est le roi Marc’h aux oreilles et à la crinière de cheval qui sera enterré au pied du Menez-Hom après avoir fait construire la chapelle Sainte-Marie-du-Menez-Hom. Une légende que vous connaissez déjà.