Un peigne qui maintient la coiffe sur la sous-coiffe du costume traditionnel des artisanes, à droite l’original en corne, à gauche une reproduction en impression 3D.
Le Lin et le chanvre sont deux plantes qui traversent les âges, de leur utilisation courante dans le costume breton au XIXe siècle jusqu’à la fabrication de textiles et autres matériaux innovants actuellement. Petite revue de détail avec l’association Lin et chanvre en Bretagne et Ronan Autret, référent costume breton de la confédération culturelle Kenleur.
Le site internet de Lin & chanvre en Bretagne
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L’histoire du costume breton commence au XIXe siècle, vers 1810 – 1830 ; les « habits » cérémoniels se spécialisent par régions, c’est le cas en Bretagne ; puis les modes se fragmentent dans les années 1870 ; la Haute Bretagne sera ainsi la première a adopter le coton et les fameuses indiennes (tissus de coton colorés).
Avec la laine, le lin et le chanvre étaient des composants naturels et essentiels des costumes traditionnels, et de tous les autres vêtements en Bretagne. Cependant au XVIIIe Landerneau est un port de commerce important et reçoit des étoffes « exotiques » : matières et couleurs très diverses (colorées naturellement). On dispose des inventaires de gardes-robes mais pas de patrons pour connaître le style exact de ces vêtements ; les descriptions les plus précises des tenues vestimentaires figurent dans les actes des procès…
Les sous-vêtements étaient en lin majoritairement, parfois colorés de rouge pour les femmes (cela leur permettait de cacher leurs règles) ; ainsi que les coiffes le corset/corselet était en étoffe plus rigide, laine et chanvre mêlés.
C’est l’Église qui fixait les couleurs et les éléments de la tenue (la coiffe était là pour cacher les cheveux des femmes, trop « inconvenants ») ; et la loi civile aussi (le vert sera longtemps réservé à la noblesse).
L’essor du coton et le retour en grâce récent du lin et du chanvre
Mais les tenues dépendaient aussi des savoir-faire techniques et de l’approvisionnement en matières premières. Ainsi, le noir s’impose lorsqu’on parvient à fixer cette couleur, qui emporte les suffrages du fait de son élégance. Le coton détrône peu à peu le lin et le chanvre parce qu’il coûte moins cher, qu’il est plus facile à blanchir, et parce qu’il peut être imprimé en couleurs (ce qu’on ne savait pas faire avec le lin ou le chanvre).
Aujourd’hui cependant, lin et chanvre prennent leur revanche, car les techniques modernes les rendent très confortables. En outre, la fluidité et le tombant des vêtements en lin sont inégalables ce qui est appréciable pour des costumes bretons en spectacle de danse.
Renaissance en 3 D du peigne d’une coiffe de Landerneau
A Landerneau, la coiffe d’artisane est maintenue par un peigne, traditionnellement en corne (la « marmotte »), une pièce qui commence à se faire rare. Le cercle celtique et l’association Lin et chanvre ont eu l’idée de le modéliser par scanner en trois dimensions ; avec les nouveaux matériaux, notamment la résine à base de fibres de lin, le peigne pourrait être imprimé en 3 D en petite série (les essais avec des chercheurs et l’entreprise costarmoricaine Nanovia sont en cours). Ce n’est qu’un exemple du potentiel du lin (et du chanvre) dans la réalisation de nouveaux matériaux pour l’habillement mais aussi l’automobile, la navigation, la signalétique, le bâtiment… matériaux qui ont aussi le grand mérite d’être recyclables.