C’est avec une précision mathématique le trio de L’Orage nous propose Triangle. Leur jazz géométrique excite notre imagination et nous plonge dans un voyage intérieur tumultueux et jouissif. Aux amateurs de sensations musicales fortes, je recommande une écoute attentive.

Bonjour et bienvenu dans SONAR ! Notre chronique aujourd’hui s’intéresse au groupe de jazz l’Orage, qui vient de sortir l’album Triangle !

Entre mathématiques et météores

Une chronique donc 100 % instrumentale, un peu inhabituelle, mais je vous garanti la qualité du voyage! L’album Triangle, sorti début 2022 en toute indépendance par L’Orage, fait référence tout simplement à la formation de ce groupe composé de 3 personnes, comme les trois côtés, les trois angles d’une forme géométrique transcendantale. Car leur musique est géométrique, leur précision idéale, mathématique, une musique qui appartient au domaine de la métaphysique.

Avec Triangle, le trio nous joue vraiment une musique qui transcende. En l’écoutant allongé sur mon lit un soir je me suis dit que la musique fait partie des rares expériences de la vie qui a le pouvoir de suggérer des images. Triangle a activé mon imagination, et m’a permis un voyage intérieur tout personnel. Et L’Orage l’a fait sans mot. Leur jazz est la quintessence de la communication humaine, c’est un moment de télépathie générale. Si l’Orage se lançait dans la télécommunication, la 5G deviendrait très vite obsolète.

Entre mathématiques et météores, enregistré sur bandes analogiques, l’album Triangle est donc à expérimenter, avec de longs morceau libres où le saxophone se cabre, domptés par son maître, et des morceaux limite breakbeat ou le groove nous dépasse ! Universal est entre les deux.

 

Dans Triangle ils sont trois, menés par Nelson Shaer le batteur orfèvre du rythme, qui est aussi celui qui compose. Il invite Ganesh Geymeier au saxophone alto, qui nous enchante avec ses mélodies suaves et infinies. Et pour la rythmique et les ambiances, Fabien Iannone assure à la basse, aux percussions et aux claviers. C’est aussi Fabien qui enregistre le projet dans son studio Alfalfa, sur un enregistreur à 8 bandes magnétiques. Magnétique.

[VIRGULE]

On aime quand il y a des paroles dans SONAR. Vous savez, quand il y a des paroles dans une musique, c’est un peu comme quand il y a une personne sur une photo. Ca la rend vivante, accessible, ça touche directement plus puisqu’il y a un sujet.

Ici dans Triangle, on a l’impression que le sujet est ce saxophone, si grave et si cuivré qu’on imagine un chef, un chef de tribu dans un pays chaud, très chaud. Un pays ardent ou l’air est chargé d’électricité. Où les nuages arrivent quand les battements se font lourds et où l’on transpire car l’eau, ça fait longtemps que nous l’avons pas senti couler sur notre peau en une pluie salvatrice. Cette eau qui arrive en un Orage, qui se décharge depuis la mer, loin là-bas, cette immensité bleue ou vivent les étoiles de mer et les cachalots.