Avec son style entre pop et musique de chambre, Emily Wells établis un lien entre les militants de la crise du Sida, et les militants de la crise environnementale actuelle. À écouter sur son album, Regards to the End.

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Entre pop et musique de chambre

Emily Wells est plus que chanteuse, elle est aussi musicienne et vidéaste. Son père était déjà musicien, il est aussi pasteur, comme beaucoup dans sa famille. Emily s’est d’abord formé au violon, puis elle s’est ouverte à d’autres styles de musique, globalement toutes les musiques populaires du siècle. Et notamment les Biggie Smalls, les Tupac, les Outkast, tous ces gens aujourd’hui reconnus comme des piliers du rap. Elle s’est inspiré de tout ces styles mainstream, la pop en grande partie, et elle l’a mélangé avec sa formation au violon. Ce qui donne selon elle, un mélange entre la pop et la musique de chambre. En tout cas c’est sa définition de la musique, et c’est assez fidèle. Elle ne fait pas de hip-hop, même si elle s’est formée en écoutant les légendes du genre. Elle a quand même rendu un hommage en 2009 au roi de New-York, Biggie, en reprenant son morceau phare Juicy. Et la reprise fonctionne super bien, entre rap et pop cette fois-ci. Mais bon, là je vous parle de 2009 ça commence à faire un bail. On va revenir à 2022 un peu. Emily Wells a sorti son 7e album, Regards To The End. Avec cette pochette, une photo de Alvin Batrop, que le photographe du Bronx a pris en 1980. Elle a été prêtée à Emily spécialement pour la cover.

S’inspirer de la lutte contre le Sida

L’album a un grand thème, un fil conducteur. Emily Wells fait un parallèle entre la crise du sida aux États-Unis, et la crise climatique que l’on vit actuellement. Elle compare surtout les deux situations du côté des militants de la cause, qui essaient de faire réagir les personnes de pouvoir, d’attirer l’attention sur une situation alarmante. Elle considère un peu les militants contre le sida comme ses aînés, ses mentors. Elle trouve beaucoup d’inspiration dans leurs actions. Autant les militants que les victimes de la crise. Et elle leur rend hommage, tout le long de l’album, sur plusieurs chansons. C’est le cas, par exemple, de Come On Kiki, qui est un hommage à Kiki Smith, une artiste américaine. Mais on retrouve aussi Arnie and Bill To The Rescue, en hommage à Bill T. Jones et Arnie Zane, un couple de danseurs. Emily a aussi été très impacté par la mort de David Buckel en 2018. C’était un avocat des droits civiques, et un militant écologiste, qui s’est auto-immolé, pour attirer l’attention sur la crise écologique. Emily Wells a écrit le titre Love Saves The Day juste après avoir appris la nouvelle de sa mort. Ça l’a vraiment marqué, elle a vu ça comme un dernier appel à l’aide, si ce n’est pas ça qui vous fera réagir alors il vous faut quoi. Elle rend aussi hommage à un autre David, qui l’a aussi énormément marqué, et inspiré. C’est David Wojnarowicz, il était aussi artiste, et il a milité contre l’inaction du gouvernement face à la crise du Sida. Wojnarowicz faisait aussi des performances, il jetait des graines, en espérant voir pousser de l’herbe. Mais il a aussi germé des graines, dans l’esprit de jeunes artistes, et militants, comme Emily Wells. Elle a écrit David’s Got A Problem, pour lui rendre hommage.