Après avoir connu une très forte croissance, la vente en vrac marque le pas voire diminue. Pourtant, c’est un choix de consommation dont les justifications sont nombreuses : écologiques, économiques, sociales… Ketty Monjour des Faou de vrac et Pauline Douguet de Ty vrac (à Trégunc) nous expliquent.

Le site internet des Faou de vrac et la page Facebook des Faou de vrac

La page Facebook de Ty vrac

La vente en vrac s’est beaucoup développée ces dernières années ; entre 2018 et 2019, elle a augmenté en France de 40% ; et encore de 8% entre 2019 et 2020. Parallèlement, le réseau de distribution s’est étoffé, qu’il passe par les Biocoop (une vingtaine en Finistère) et les épiceries spécialisées (plus d’une vingtaine également). Et puis brutalement, en 2021, la consommation en vrac marque le pas voire diminue. Dans leurs épiceries de Trégunc et du Faou, Pauline Douguet et Ketty Monjour l’ont constaté : une nouvelle clientèle apparue lors des confinements n’est plus revenue… Pauline Douguet l’analyse ainsi : « les gens pensent que c’est trop compliqué d’acheter en vrac, qu’il faut penser à prendre ses récipients ou ses sacs, alors que nous avons tout ce qu’il faut en magasin pour ça ; et puis c’est vrai que la boutique vrac, c’est un lieu supplémentaire où on doit se rendre pour faire ses courses, donc du temps et de la charge mentale supplémentaire pour certaines personnes ».

Dans toute la France, le réseau des professionnels du vrac a donc lancé une campagne de promotion de ce mode de consommation et mars est devenu le « mois du vrac ».

Les multiples vertus de la consommation en vrac

Et pourtant, quand on voit la multiplication des emballages, notamment en plastique et à usage unique, on se dit que tant de pétrole extrait et transformé pour ça, c’est assez étrange, surtout quand on connaît le prix de ce pétrole. Le vrac concerne en outre des produits généralement issus de l’agriculture biologique, donc qui préservent l’écologie et la biodiversité. Chez Ty vrac comme au Faou de vrac, beaucoup de produits sont en outre locaux (a minima bretons) et on est parfois étonné d’apprendre tout ce qui est cultivé ou fabriqué localement, du quinoa aux lentilles, en passant par les pâtes. On achète donc davantage en circuit court avec moins de transport à la clé et des productrices et producteurs qui vivent et travaillent ici.

Consommer en vrac c’est aussi acheter au plus près de ses besoins et non des gros stocks de produits qu’on utilise pas mais pour lesquels on a cédé à une publicité ou autre technique du marketing. Et au final, c’est réduire le gaspillage puisque les produits achetés en vrac sont réellement consommés. Quand on sait que le gaspillage alimentaire atteint 150 kg par habitant et par an en France, on comprend l’intérêt de ce type d’achat, plus rationnel et finalement, plus économique.

La question du prix des produits en vrac

Car la question du prix est souvent soulevée quand on parle du vrac. Est-ce vraiment plus cher ? Pas forcément. Quand vous faites vos courses en grande surface et que vous achetez vos produits emballés, même en promotion, pensez à regarder le prix au litre ou au kilo juste pour vérifier, vous pourriez être surpris/e !
Alors certes, les épiceries vrac son souvent aussi orientées vers l’agriculture biologique et les certifications respectueuses de l’environnement, ce qui renchérit parfois le coût des produits. Mais d’une part, ce surcoût n’est pas systématique (surtout si le circuit est court, il y a moins de transport qui intervient dans le prix final) et d’autre part, on peut aussi considérer qu’il est normal d’acheter plus cher de meilleurs produits : meilleurs au goût, meilleurs pour notre santé et meilleurs socialement car cultivés, élevés ou transformés dans des conditions acceptables pour celles et ceux qui y ont travaillé, à l’autre bout du monde ou dans le Finistère. N’oubliez pas que vos achats sont aussi des actes politiques et que le choix d’un produit peut avoir de multiples répercussions qui semblent parfois très loin de nos assiettes.

Des magasins bien sympathiques

Enfin, les épiceries vrac sont souvent aussi des lieux de convivialité, d’échange entre les épicières et leur clientèle (pour du conseil ou des avis) mais aussi entre les clientes et clients qui peuvent échanger des recettes, des expériences d’usages des produits, etc. Faire ces achats dans ces boutiques, c’est en effet choisir de prendre son temps, de passer un bon moment, de ne pas juste consommer.
Certaines épiceries proposent d’ailleurs des animations : soirées jeux, ateliers de fabrication maison, dégustations, etc.