Deuxième disque pour le groupe familial Etran de l’Aïr ! Le groupe rend hommage à leur ville d’Agadez, au Niger, grand carrefour des voyageurs du désert…
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Les étoiles de l’Aïr
« Etran », ça veut dire « les étoiles », en nigérian, et l’Aïr est un massif montagneux, au Niger. On parle donc des étoiles qui surplombent ces reliefs arides, qui guident les voyageurs et les Touaregs qui s’aventurent dans le plus grand désert du monde, le Sahara. Leur album, Agadez, emprunte son nom à la ville d’origine des membres d’Etran de l’Aïr. Agadez, la plus grande ville du nord du Niger. Un lieu de passage pour les caravanes qui traversent l’Afrique. Mais la ville est aussi connue pour sa musique et son fameux desert-blues. Ils ont tous commencé la musique assez jeune. À l’époque, c’était une vraie galère pour trouver des instruments. Ils ont appris en se partageant la guitare acoustique qu’un de leurs amis avait ramenée de Libye. Et leur batterie, c’était une sandale frappée sur une calebasse, une grosse cucurbitacée. Difficile de faire mieux en terme de débrouille. Un des musiciens du groupe, Abindi, a aussi eu l’ambition d’aller chercher une guitare en Libye. Et je parle bien d’ambition parce qu’il en fallait vraiment de l’ambition pour se dégoter une guitare à cette époque. Déjà, c’était un périple illégal, c’était interdit d’aller en Libye. Abindi est allé en voiture jusqu’à la ville d’Arlit. Ensuite, il a dû marcher jusqu’à la frontière, et attendre la nuit pour traverser sans se faire griller par le garde. Une fois en Libye, il a travaillé un peu pour enfin se payer son saint Graal. Maintenant, c’est un peu plus simple, ils mettent tous de l’argent de côté pour se payer des instruments au Nigeria. Ils ont pu s’acheter une batterie et quelques guitares électriques.
La famille d’abord
Etran de l’Aïr est un groupe familial, ils se sont regroupés entre frères et cousins, il y a plus de 25 ans. Et à chaque fois que la famille s’agrandit, on peut compter un nouveau membre. Ils fluctuent entre cinq et neuf membres. En ce moment, ils font leur première tournée en Europe, ils devaient venir à quatre, mais un des quatre n’a pas pu avoir son visa, donc ils ont fait le voyage à trois. C’est un peu dommage, mais ils font avec, enfin, ils font sans, car ils sont quand même super contents de pouvoir jouer ici, avec des supers équipements, des super sonos, et un public bouillant qui veut se donner sur le desert-blues de l’AÏr. À la base, Etran faisaient beaucoup de concerts pour les mariages. Il y a un vrai business de concerts de mariages à Agadez, avec une grosse concurrence pour être appelé sur les meilleurs mariages et les plus lucratifs. Mais Etran de l’Aïr ont pris ce système à revers. C’est un des groupes les plus anciens et connus de la ville, mais ils se produisent que dans les mariages les plus modestes, ils ne veulent pas faire la course aux billets. En 2014, ils se font repérer par le dirigeant du label Sahel Sounds, il les aide à sortir leur premier projet, No.1, c’était la toute première fois qu’ils enregistraient. Ils ont utilisé qu’un seul micro, qui enregistrait tout le groupe d’un coup. Pour Agadez, leur deuxième disque, ils ont mis un studio mobile chez Abindi, pour être à mi-chemin entre studio et live, parce que le gros point fort d’Etran de l’AÏr, c’est leur énergie explosive en live, et il fallait capter ça dans l’album. Pour ce deuxième projet, ils se sont permis le luxe de tourner un clip. Pour le titre Toubouk Ine Chihoussay. Bon ce n’est pas du grand cinéma, ils ont filmé ça avec le premier caméscope, l’image rappelle les vidéos de vacances d’il y a 10 ans, mais au moins, c’est authentique.