La chanteuse franco-canadienne, d’origine haïtienne, Mélissa Laveaux, chante les mémoires de femmes qui ont marqué l’histoire, mais dont le nom a été oublié, sur son 4e album, Mama Forgot Her Name Was Miracle.

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Berceuse

Mélissa Laveaux est née au Canada, elle est installée en France et a eu la nationalité en 2019. Ses parents sont des Haïtiens qui ont fuit la dictature et sont allés s’installer au Québec. C’est pour ça que dans ses chansons vous allez entendre du français, de l’anglais, et du créole haïtien. C’est une artiste queer, et le créole haïtien s’adapte parfaitement, car c’est une langue queer, elle n’a qu’un seul pronom. Elle en est à son 4e album, celui qui est sorti juste avant était chanté à 100 % en créole, il s’appelle Radyo Siwèl, et il correspond à la quête de Melissa Laveaux sur ses origines haïtiennes, elle reprend des chansons traditionnelles de l’île. Pour le nouveau venu, Mama Forgot Her Name Was Miracle, c’est un album qui tourne autour de la berceuse. Mais pour adulte. Le concept de la berceuse, c’est de raconter une histoire en musique, pour endormir un enfant. Là, Mélissa Laveaux raconte des histoires, en musique, mais pas pour nous faire dormir, plutôt pour nous tenir éveillée. Elle-même est insomniaque, et elle voulait créer un album qui accompagne ses nuits. Du coup, à travers treize titres, elle raconte l’histoire d’une héroïne féminine, oubliée de l’histoire. Elle parle des noms dont on ne parle jamais. Ça explique aussi le titre de l’album. Maman a oublié que son nom était miracle, c’est une petite blague de Mélissa Laveaux, parce qu’elle a appris vers 7 ou 8 ans que le vrai prénom de sa mère était Miracula, et que personne ne l’appelait comme ça. Le message de l’album, c’est :  » Ces noms ont existé, ne les oublions pas, ils sont importants « .

Les femmes importantes de l’histoire

Chaque titre tourne autour d’une femme importante de l’histoire, mais dont le nom a été oublié, ou effacé. Half a Wizard Half a Witch, ça fait écho a une œuvre d’Alice Walker, écrivaine et militante féministe, qui parlait des mères, qui mettaient souvent leurs rêves de côté pour se consacrer à ceux de leurs enfants. Le long de l’album, Mélissa Laveaux parle d’icônes de la musique, du militantisme, de la rébellion, et même de femmes des légendes ou de mythologie. Comme par exemple Lilith, dans le morceau du même nom, accompagnée par le pilier du rap français Oxmo Puccino. Lilith est une démone de la tradition juive, c’est la première femme d’Adam, avant Eve, mais comme elle ne vient pas de la côte d’Adam, elle possède son libre-arbitre, à l’inverse d’Eve. Chaque morceau de l’album présente une femme passionnante, et je ne pourrais pas toute les citer donc je vous conseille fortement de vous pencher sur l’album, et sur les histoires racontées. Dans le morceau Fire Next Time, elle parle de Harriet Tubman, une femme noire qui a été esclave, mais qui a réussi à se libérer 3 fois. Elle est devenue militante contre l’esclavage et pour le féminisme, et elle était connue pour oser dire « mon peuple est libre », en utilisant bien le présent, ce qui ne plaisait pas à tout le monde. C’est aussi quelque chose de commun à toutes ces femmes présentées dans cet album, des femmes qui ont fait une chose, quand tout le monde disait que c’était impossible. On retrouve cette idée avec la Papesse Jeanne, présentée dans le morceau Papessa. Dans la légende, Jeanne est une femme qui s’est travestie en homme pour accéder à la papauté, car la fonction était interdite aux femmes. Depuis, les cardinaux doivent faire un contrôle de la virilité des nouveaux papes.