Douz, c’est le mot maloya pour arrêter la musique, pourtant Ti’Kaniki viennent juste de commencer, avec le premier album fraîchement sorti !
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Hommage au maloya
Ti’kaniki, c’est un collectif de 8 artistes, et ils font de la musique maloya. Alors petit cours d’histoire sur la musique maloya. C’est un style musical, qui vient de l’île de la Réunion. Ça commence par le chant des esclaves, dans les plantations de sucre et de café. Il a fini par se répandre dans toute la Réunion, et notamment grâce aux Kabars. Le Kabar, c’est une fête traditionnelle, à la base elle était clandestine, c’étaient les esclaves qui se réunissaient le soir, pour faire de la musique ensemble, pour parler avec les esprits des ancêtres, mais aussi pour faire des chants avec des revendications. Ils chantent la liberté, ils chantent la rébellion. Du coup, ces idées libératrices ça plaît pas trop à l’état, et le maloya finit par être interdit, mais bon, il était déjà un peu clandestin alors bien sûr, il continue d’exister. Et en 2009, il est classé par l’UNESCO comme patrimoine immatériel universel, belle victoire pour le maloya. Du coup, c’est un style musical qui est hyper lié aux idées de liberté, de par son histoire. Ti’Kaniki, ils rendent hommage au maloya, ils font souvent des Kabars, au début ils ne faisaient que ça, pendant plusieurs années, ils faisaient des reprises de chansons Maloya, et en 2020, ils ont sorti un 1er EP, Maloya à l’Opéra, c’est un live à l’Opéra de Lyon. Et juste après, ils ont enregistré leur 1er album, Douz, mais il a mis deux ans à sortir, donc nous voilà en 2022, avec le premier album de Ti’kaniki qui viens de sortir.
Se connecter aux ancêtres
Douz, c’est du maloya, c’est le mot qui est utilisé pour arrêter la musique, mais ne vous inquiétez pas la musique de Ti’kaniki n’est pas finie, ça ne fait que commencer. Au début ils ne faisaient que des reprises, mais dans Douz, c’est des compositions originales. Chaque titre est chanté par un membre différent du collectif. Parce que dans Ti’Kaniki, tous les membres du groupe sont chanteurs et musiciens, ils jouent tous des percussions traditionnelles maloyas, comme le rouleur, le kayamb, le sati, ou les congas. Les membres du groupe sont libres de faire ce qu’ils veulent sur leurs titres, le seul fil conducteur de l’album, c’est le maloya. Il faut que ce soit de la musique maloya. Tous les titres sont chantés en créole réunionnais, sauf un, Molem, c’est d’ailleurs le single qui a été choisi pour annoncer l’album. Molem est chanté en Banen, la langue parlée au Sud-Ouest du Cameroun. C’est la chanson de Cindy Pooch, une chanson qu’elle a écrite avec sa maman. Molem ça veut dire Cœur, et le clip et le morceau parlent de se connecter aux ancêtres, et de trouver la paix intérieure. Ça rappelle beaucoup le concept des Kabars traditionnels Maloya.