Vipère péliade, crédit : Charles Martin

Adaptée aux climats froids, la Vipère péliade pourrait être présente partout au nord de la Loire. Pourtant, on ne la trouve plus guère qu’en Normandie, Auvergne et Bretagne car son habitat régresse…  Bretagne vivante nous présente cet étonnant serpent.

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La Vipère péliade, Vipera berus, est particulièrement graphique avec son motif ondulé noir sur le dos… c’est l’une des 4 vipères présentes en France. Sa particularité est de supporter le froid, même si, comme les autres serpents, c’est un animal ectotherme, qui ne génère pas sa propre chaleur et doit la puiser en s’exposant au soleil. Elle mesure environ 50 cm, même si les plus grandes peuvent atteindre 80 cm, on la distingue des couleuvres par ses pupilles fendues et son corps trapu avec une queue courte.

Carnivore, elle mange des petits mammifères, parfois des amphibiens ou des lézards, voire des oisillons. Elle tue sa proie avec ses crochets venimeux avant de l’avaler tout rond. En avril-mai, c’est la période de reproduction. Le mâle se met en quête d’une femelle avec laquelle il s’entortille ; il dispose d’ailleurs de 2 pénis pour avoir plus de chances d’atteindre le cloaque. Plusieurs mâles peuvent féconder une seule femelle et les vipéreaux (entre 5 et 10) qui sortent du cloaque au bout de quelques mois (durée variable selon les conditions climatiques) n’ont donc pas forcément le même père. Les petits sont alors la proie de nombreux animaux (oiseaux, comme les corvidés, les faisans, le Circaète Jean-le-Blanc), renard, sanglier, hérisson, voire la grenouille verte, la mante religieuse ou des vipères adultes… En grandissant en permanence, la vipère doit muer 2 à 3 fois par an.

Une place au soleil, en lisière fraiche, abritée et pleine de vie

La zone de répartition de la Vipère péliade est potentiellement très vaste puisqu’elle va jusqu’au cercle polaire ! Mais les milieux qu’elle affectionne se réduisent comme peau de chagrin, des habitats à la fois frais avec du soleil et de la nourriture suffisante. Autrement dit, la Vipère péliade aime les lisières : landes, interfaces entre forêts et prairies, haies bocagères. Il faut qu’elle puisse à la fois de réchauffer et se cacher. La haie doit être bien orientée et touffue. Et le milieu doit être aussi favorable à ses proies.

Un serpent protégé qui n’est pas agressif

La Vipère péliade a donc beaucoup régressé : seuls le Massif central, la Normandie et la Bretagne l’abritent encore en France et même dans ces régions, elle est menacée. Le réchauffement climatique ne lui sera pas favorable puisqu’elle n’aime pas la chaleur excessive. Depuis 2020, elle est enfin intégralement protégée et on n’a pas le droit de la tuer (ni de la manipuler).

Certes, la Vipère péliade est venimeuse mais elle est craintive et n’est pas agressive si elle ne se sent pas en danger ou si on ne marche pas dessus. Si vous randonnez dans un milieu propice aux vipères, n’hésitez pas à taper des pieds pour les faire fuir (elles sont sourdes mais sentent très bien les vibrations). Même si elle mord, la Vipère péliade n’injecte pas forcément son venin. Si jamais elle le faisait malgré tout, restez calme et ne vous agitez pas en attendant les secours (ne faites pas de garrot non plus).

Pour en savoir plus

Atlas des amphibiens et des reptiles des Pays de la Loire co-édité par Locus Solus avec la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), le groupe Herpétologique et l’union régionale des CPIE des Pays de la Loire
Ouvrage relié 19.4 x 26 cm
256 pages couleur/environ 300 images
35 monographies d’espèces
Imprimé en France
29 €
ISBN 978-2-36833-350-1