Voilà 10 ans qu’est née l’Heol, monnaie complémentaire du pays de Brest. L’association qui la porte travaille à convaincre de ses intérêts : consommer autrement, au plus près et en réduisant son impact environnemental, échapper à la spéculation, diriger l’argent vers des projets d’intérêt général, social et écologique.
Réécoutez l'émission avec Myriam Noury et Michel Tessier, bénévoles d'Heol
C’est en 2012 que l’Heol a vu le jour, sur le (vaste) territoire du pays de Brest. La loi Hamon sur l’ESS (Economie sociale et solidaire) a requis en 2014 la création d’une association qui a compté jusqu’à deux salariés et un service civique pour faire connaître cette monnaie complémentaire. En effet, pour qu’une telle monnaie fonctionne, il faut qu’un nombre suffisant de vendeurs de biens ou de services acceptent l’Heol sur le territoire. Actuellement, 180 commerces ou artisans acceptent de se faire payer en Heol et 1500 personnes l’utilisent pour leurs achats. En octobre 2019, l’Heol est même passé au numérique et actuellement il circule davantage sous cette forme (128 000 Heol) qu’en billets papiers (70 000).
On compte davantage d’utilisateurs dans les agglomérations, Brest et Landerneau. Quant aux commerces ou services qui acceptent l’Heol, ils sont variés : restauration, librairie, épiceries, esthétique, etc. Certains sont « comptoirs d’Heol » et proposent aux consommatrices et consommateurs d’échanger leurs euros contre des Heol.
Une monnaie au service de l’économie locale, loin de la spéculation ou de la finance internationale
Le principe qui garantit la monnaie est simple : il existe autant d’Heol en circulation que d’euros remis par les adhérents. Les euros en question sont conservés par la Nef, un établissement financier coopératif qui partage les valeurs associées aux monnaies locales et qui investit le double de ce qu’il garde dans des projets à forte dimension sociale et/ou environnementale.
L’Heol ne perd pas de valeur au fil du temps mais un particulier ne peut pas reconvertir ses Heol en euros, seuls les vendeurs le peuvent (en payant une petite commission).
On voit se dessiner les intérêts de ce type de monnaie : inciter les gens à consommer en proximité, sur leur territoire. La monnaie locale permet aussi d’éviter que l’argent n’atterrisse dans les banques « classiques » qui pourraient investir loin d’ici et dans des activités pas forcément conformes à l’intérêt général ; impossible aussi de spéculer en Heol…
Consommer différemment, donner une autre valeur à l’argent
L’Heol peut donc être l’occasion de consommer différemment : en vrac (en produisant moins d’emballage), bio, local… Pour les commerçants, ce peut être une occasion de se faire connaître auprès de nouvelles clientèles.
Pour élargir les possibilités d’échange, les monnaies locales bretonnes envisagent de créer des connexions entre elles pour permettre une circulation sur l’ensemble de la région (l’Heol pourrait ainsi s’échanger avec la Bizh du Pays de Vannes, le Bif de Belle-Ile, le Buzuk du Pays de Morlaix, le Galais du Pays de Ploërmel, le Galleco (Rennes, Redon), la Maillette du Pays de Dinan, Saint-Malo, l’Ourse du Pays de Questembert à Férel, le Segal du Pays de Lorient, le Moneko sur le département de Loire Atlantique, le Rozo sur le Pays de Saint-Nazaire, le Pezh du Trégor et du Goëlo).
Pour faire connaître l’Heol, les bénévoles présentent la monnaie locale du pays de Brest lors d’événements locaux liés à la transition écologique ou des festivals artistiques… l’idée est aussi de créer du lien avec d’autres acteurs de la transition du territoire et de pousser tout le monde à réfléchir au rôle de l’argent, ce qu’il permet d’acquérir, son impact, etc.
L’association recrute toujours des bénévoles, n’hésitez pas à la contacter !