Manon et Nils qui reprennent la ferme et l’équipe de Terre de liens Bretagne.
La ferme de Penn ar Menez à Pont-de-Buis-lès-Quimerc’h produit des œufs, mais aussi du lait, avec transformation, en agriculture biologique. Elle offre l’avantage de disposer de 85 hectares de terres bien groupées. Une telle surface demande cependant un engagement financier important. Pour faciliter la transmission, la foncière Terre de liens a racheté une partie de ces terres qu’elle louera au couple qui reprend l’exploitation.
Le site internet de Terre de liens
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A Penn ar menez à Pont-de-Buis-lès-Quimerc’h, Brigitte et Olivier Giordmaina dirigent depuis 20 ans une ferme laitière avec transformation en fromages et élevage de poules pondeuses, le tout en agriculture biologique. L’un des atouts de la ferme, c’est la surface de terres – 85 hectares – bien groupées, ce qui permet de nourrir les vaches en autonomie et donc de limiter les dépenses. Cependant, quand ils ont souhaité passer la main, Brigitte et Olivier ont eu recours à Terre de liens pour faciliter la transmission.
En effet, Terre de liens est un mouvement national dont l’objectif est de préserver des terres agricoles pour les destiner à de l’agriculture ou de l’élevage biologiques en production paysanne. La foncière Terre de liens rachète des terres au regard de projets d’installation et les loue aux porteuses et porteurs de projets. Parfois, ce sont des citoyens qui s’associent en Société civile immobilière locale (SCI) et achètent ensemble les terres d’une ferme pour aider celles et ceux qui souhaitent s’installer. Par exemple à Daoulas dans le Finistère également, Bastien Moysan a pu continuer à exploiter sa ferme en polyculture élevage sous cette forme, un groupement foncier agricole dont 200 personnes ont acheté des parts.
L’objectif de Terre de liens est bien de préserver un certain type d’agriculture : paysanne, respectueuse de l’humain et du vivant. Quand un agriculteur bio souhaite transmettre plus facilement, comme Olivier Giordmaina, il a donc tout intérêt à se faire connaître auprès de Terre de liens.
Acheter les terres pour des projets agricoles précis… et à dimension humaine
Qu’il s’agisse de la foncière Terre de lien ou de Groupements fonciers agricoles, les achats de terre sont conditionnés par des projets bien précis et donc des personnes. Dans le cas de Penn ar Menez, il s’agit de Manon Josset et Nils Révillon qui s’étaient déjà intéressés à la ferme de Quimerc’h par le passé et qui reviennent cette fois pour de bon, avec la passion du fromage chevillée au corps. Même si le contexte est plutôt sombre en ces temps de crise énergétique et de hausse de tous les prix avec un ralentissement de la consommation de produits bio, Nils et Manon ont confiance et sont rassurés aussi par le fait d’avoir limité leur investissement. Ils seront en location fermage sur l’essentiel des terres (ils ont acheté les bâtiments et 15 hectares environ) et leur engagement financier reste donc raisonnable.
Quand on sait que près de 2 millions de fermes ont disparu en France depuis 60 ans, que 3 millions d’emplois agricoles ont disparu et que 44 000 hectares de terres sont artificialisées tous les ans (la surface d’un département moyen qui disparait tous les 13 ans) , on comprend l’importance de l’action de Terre de liens. Surtout si on ajoute le fait que la moitié des agriculteurs partira à la retraite d’ici 10 ans…
Il s’agit aussi de lutter contre la concentration agricole : les exploitations de plus de 100 ha, qui représentaient 1% des fermes en 1955, représentent aujourd’hui 24% des fermes et concentrent 64% de la surface agricole française.
Grâce à plus de 5 000 citoyens, Terre de Liens Bretagne a permis de préserver plus de 1000 ha de la spéculation pour maintenir et transmettre 50 fermes. Cela représente 10 fermes en Finistère pour un total de 135 ha.