En cuisine, il y a plusieurs axes pour consommer moins d’énergie : par l’organisation et l’anticipation, par l’utilisation des équipements et du matériel, mais aussi par les modes de transformation des aliments. L’association 4 quarts nous donne quelques astuces.
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Déjà, on peut relativiser le débat, pour une maison équipée en tout électrique, 80 % de la facture d’électricité est liée au chauffage. Cependant, il est toujours utile de se poser la question de la sobriété de nos pratiques, qu’elles soient en cuisine ou ailleurs dans la maison. L’idée est que les bonnes habitudes se répandent dans toutes les dimensions de notre quotidien. La cuisine est par ailleurs, dans certains foyers, une véritable « pièce à vivre » dans laquelle on reçoit aussi. Le confort peut donc y être important et on peut là aussi penser « rationnel ». Les anciennes cuisinières de nos grands-mères en fonte, servaient aussi de poêles de chauffage. Vont-elles être remise au goût du jour ?
Cuissons et organisation de ses préparations
La sobriété est aussi une affaire de produits et de porte-monnaie et l’acte de cuisiner, de transformer ses aliments est important. Acheter des plats tout préparés n’est au fond ni économique ni sobre (il a fallu de l’énergie supplémentaire pour les fabriquer et au final on paie cette énergie dans le produit) et ce n’est pas toujours idéal pour la santé (plats souvent trop salés trop gras avec des additifs douteux). On peut cependant cuisiner soi-même sans être chef et sans y consacrer trop de temps. Voici quelques conseils pour cuire et transformer vos produits sans trop utiliser d’électricité ou de gaz :
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Même si vous vous faites simplement des pâtes, cuisez-les avec un couvercle sur les casseroles, ce qui vous permettra de diminuer de moitié voire davantage la dépense énergétique.
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On peut aussi cuire ensemble 2 aliments même si on ne les mange pas ensemble, comme du riz basmati (11 minutes) et des œufs dur 10 minutes).
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Cuisez un peu plus en quantité quand l’aliment se garde comme le riz, dont le reste peut servir dans une farce, une salade composée ou même épaissir la soupe.
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Utilisez votre cocotte minute si vous en avez une car elle cuit 4 à 6 fois plus vite qu’une casserole traditionnelle, et plus généralement préférez le mode vapeur, notamment pour les légumes dont les vitamines seront mieux préservés et qui peuvent ensuite être dégustés avec une sauce, simplement du beurre, ou en salade.
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Si vous faîtes bouillir de l’eau, vous pouvez aussi utiliser de l’eau déjà chaude (celle qui reste dans la bouilloire de votre tisane)
- Très simple et efficace, le trempage préalable des haricots secs ou du riz complet permet de réduire sensiblement le temps de cuisson, et en ajoutant du bicarbonate de soude (une demi cuiller à café) sur le feu, on réduit encore ce temps.
- Pour les petites céréales ou apparentées (sarrasin, riz, millet) une technique de cuisson très économique consiste à porter à ébullition à froid puis on couvre et on réduit le feu au maximum pendant 15 minutes et on laisse ensuite reposer avec le couvercle encore 10 minutes.
S’organiser, anticiper permet souvent d’économiser l’énergie de cuisson et sa propre énergie ; ainsi le célèbre batch cooking consiste à préparer à l’avance ses plats (le week-end) pour cuire de plus grandes quantités qui seront consommées au fil des jour. On réduit sa consommation d’énergie mais aussi de temps et même de matières premières donc on économise aussi de l’argent.
Le choix des matières premières est également un paramètre qui peut faire varier vos dépenses énergétiques. Utiliser et cuisiner les produits de saison permet de réduire les intermédiaires (donc le transport) mais aussi les coûts de stockage (les légumes de saison se conservent à température fraiche mais « ambiante »). On peut aussi manger davantage de crudités (carottes, betteraves, courgettes, oignons rosés, fèves, petits pois) en salade composée.
Pensez aussi aux desserts sans cuisson : charlotte, « tiramisu » de petits biscuits Lu trempés dans le café… crèmes de fruits et autres smoothies.
Parmi les préparations qui ne demandent pas d’énergie, la lactofermentation vous permettra de transformer bon nombre de légumes en délicieux condiments.
L’équipement de la cuisine, son usage et son entretien
- En matière d’électroménager (four, plaques de cuisson, gazinière, autres gros appareils de cuisine), choisir un appareil d’une bonne classe énergétique est un calcul souvent judicieux même si c’est un peu plus cher à l’achat. Préférer l’étiquette énergie des appareils A+.(et pas E)
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Il faut aussi choisir un congélateur-réfrigérateur en fonction de sa classe climatique. Il existe 8 classes climatiques et leur températures ambiantes correspondantes. En Europe, choisir la classe climatique N pour un intérieur chauffé entre 16°c et 32°C. En matière d’entretien, il est primordial de dégivrer ces appareils régulièrement. Plus il y a de givre, plus ces appareils consomment de l’électricité. Ainsi, 4 cm de givre double leur consommation électrique (source ADEME). Pour rappel : la température du frigo est à +4°C, celle du congélateur à – 18°C. Mieux vaut d’ailleurs placer votre refrigérateur-congélateur loin d’une source de chaleur…
- En termes d’usage, mettez fruits et légumes au frais mais plutôt dans une pièce naturellement fraîche (garage, sous-sol) plutôt qu’au frigo ; idem pour les oeufs qui sont naturellement protégés par leur coquille et n’ont pas besoin d’aller au réfrigérateur (ne les lavez pas).
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Dans la cuisine comme dans la maison, évitez de laisser les appareils en veille, notamment ceux qui sont faciles à débrancher comme la bouilloire ou la machine à café devrait être aussi évident que d’employer des ampoules Led ou basse consommation pour s’éclairer.
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Pour certaines tâches, passez en manuel ! Le café notamment se fait très bien avec une cafetière non électrique de style « poussoir » ou à l’italienne ; pour se réjouir les narines et les papilles on peut aussi renouer avec le bon vieux moulin à café. Il existe aussi de bons batteurs à œufs manuels qui permettent de monter les blancs en neige facilement.
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Un peu de bon sens ne nuit pas : si vos enfants ont grandi et que votre foyer se réduit, il est peut-être temps d’éteindre le 2e congélateur et de le vendre.
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Si votre four est électrique, préférez le préchauffage à basse température 75 °C pendant 2/3 minutes puis 110 pendant 2/3 minutes avant la température désirée. Cela permettra de faire durer sa résistance. Pour profiter de l’inertie thermique de votre four, éteignez 5 à 10 minutes sans ouvrir (la chaleur résiduelle permettra d’assurer la fin de la cuisson sans consommation électrique). Préférez les fours à catalyse ( t °C d’oxydation 180°C, dont le nettoyage ne consomme pas d’énergie) plutôt que le four à pyrolyse très énergivore. Cuisez plutôt en mode chaleur tournante pour pouvoir mener plusieurs cuissons en même temps (lors de votre séance de « batch cooking » par exemple). Lers fours combinés (four & micro-ondes) sont appréciables car ils abaissent les temps de cuisson.
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Si le choix s’offre à vous, choisissez une cuisinière avec des plaques à induction moins énergivore (environ 40 % de moins) qu’une plaque électrique ordinaire (radiant).
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Faites tourner votre lave-vaisselle en heures creuses, et en programme éco ( 40-45°C) et utilisez-le au maximum de sa capacité de charge pour éviter de consommer inutilement de l’électricité et de l’eau (et sachez que laver votre vaisselle à la main nécessite environ 30 litres d’eau alors qu’il n’en faut que 20 pour un lavage à la machine).
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Outre la fameuse cocotte-minute qui coûte cher à l’achat mais dure toute une vie, choisissez vos poêles et casseroles efficaces: à fond plat, avec un revêtement étudié pour garder la chaleur, à la bonne taille, et utilisez la plaque la plus appropriée à la circonférence de l’ustensile. Pour que votre cuisson soit à moindre consommation, préférez une température élevée au début afin de chauffer poêle et casserole. Puis, réduisez-là afin de maintenir la chaleur.
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Songez aussi aux systèmes de cuisson alternatifs : four solaire, cheminée et grillades au feu de bois….