Invités du 44e festival de cinéma de Douarnenez consacré à la Suisse fin août 2022, Morgane Nusbaumer-Ammann et Olivier de Marcellus ont témoigné de leur mobilisation autour du changement climatique. Dans ce paradis des banques, leurs actions, sans violence mais parfois radicales, vont de l’organisation d’événements festifs à la dénonciation du financement des énergies fossiles.
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Espace de débat politique, le festival de cinéma de Douarnenez s’intéresse aux luttes en général. En particulier, celle autour du climat étaient représentées pour cette édition hélvète par deux activistes, de générations différentes mais finalement très en phase. Morgane Nusbaumer-Amann et Olivier de Marcellus font tous deux partie du Collectif Breakfree suisse qui se bat depuis 2016 pour la justice climatique et sociale, et en Suisse en particulier contre la « finance fossile ». Ils sont membres aussi du collectif Alternatiba Leman qui organise chaque année une semaine de festival avec débats, conférences et un village des alternatives (280 associations).
Mobilisations illégales mais non violentes pour être pris au sérieux
Leur idée est de se mobiliser légalement ou illégalement, en dehors des partis et ONG même s’ils peuvent travailler ensemble autour du climat.
Le collectif Break free dénonce les investissements dans les énergies fossiles : par les banques privées, la banque nationale, les cantons (qui sont actionnaires de la Banque nationale suisse). Ses membres proposent notamment aux touristes des « toxic tours » : visites guidées de Genève en mettant en lumière les banques, centres de trading et autres organismes qui n’agissent pas dans le sens de la préservation du climat. Les activistes mènent aussi des occupations de banques comme le Crédit suisse : de la désobéissance civile, des actions coup de poing, mais toujours non violentes.
« On est pris au sérieux si on s’engage vraiment, si on se met en danger » explique Olivier de Marcellus qui prend l’exemple du mouvement Squat à Genève (des occupations de logements vides à Genève dans les années 1990). Les activistes s’attachent à enfreindre des lois qu’ils estiment injustes jusqu’à aller devant les juges : le moment judiciaire permet de porter la question sur la place publique, de médiatiser le débat. Cela a fonctionné quand Breakfree s’en est pris à l’image du tennisman Roger Fédérer (sponsorisés par le Crédit suisse). Les actions n’hésitent pas à avoir recours à l’humour, les réseaux sociaux y jouent un rôle important (surtout si l’action est retweetée par une personnalité comme Greta Thumberg).
Garder espoir, s’adresser au plus grand nombre
Morgane et Olivier veulent croire qu’ils feront évoluer les lois. Mais il faut faire preuve de patience : un militant de longue date comme Olivier estime que beaucoup de choses ont changé ces dernières années, que la prise de conscience de l’urgence climatique a vraiment gagné du terrain.
Toutes les actions ne sont pas illégales. Morgane et ses amis ont pu aussi lancer un festival autour du climat aux Bains des Pâquis, lieu très populaire de Genève, ce qui leur a permis de rencontrer un milieu non militant. La jeune femme fait aussi partie du collectif citoyen de son petit village suisse.
Breakfree participe par ailleurs à l’Alliance climatique suisse avec des ONG importantes comme Greenpeace, le WWF qui doit lancer un référendum d’initiative fédérale sur le climat.
Tous deux sont pleins d’espoir mais aussi d’inquiétudes, surtout depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine qui semble servir de prétexte à la course aux énergies fossiles très délétères pour l’environnement comme les gaz de schistes américains.