Violaine Picaut avait besoin d’un travail sur la Presqu’île de Crozon. Elle trouva un emploi dans les services d’aide à domicile. Si ses convictions semblaient correspondre avec l’offre, ce métier s’est révélé bien plus difficile que ce que l’on en dit. Elle nous explique pourquoi elle l’a quitté.

 

 

Réécoutez l'interview de Violaine PICAUT

«  C’était ça ou les couteaux de boucher chez Lerclerc et comme j’suis pas douée avec les couteaux… »

 

C’est complètement par hasard que Violaine Picaut est venue dans les métiers d’aides à la personne. Quand on cherche un nouvel emploi dans la Presqu’île de Crozon pour lequel on est pas forcement qualifié, il est difficile de trouver un poste en dehors des activités touristiques et de l’agroalimentaire.

C’est à force de postuler «  à droite à gauche » nous explique Violaine, que seule la grande distribution et un organisme d’aide à la personne à bien voulu répondre à sa demande. C’est donc par conviction qu’elle à choisi de travailler dans l’aide à la personne.

Violaine exprime avoir été assez réticente au début de sa nouvelle activité… elle avoue avoir trouvé ça un peu effrayant à l’idée même de rentrer dans l’intimité des gens, « un film de François Ruffin ( Debout Les Femmes !! NDLR) avait sorti un film dans l’univers de l’aide à la personne, me donnait une idée du cheminement d’une personne à une autre mais je ne connaissais pas l’étendue des missions qu’on pouvait avoir ».

Violaine apprend son métier sur le tas. Avec la personne qu’elle remplacera…pendant une matinée. L’heure d’arrivée défini la tâche à effectuer. Par exemple si on arrive tôt, on refait le lit ou si on arrive dans la matinée, les missions consistent à faire des courses ou du ménage.

Bien entendu, la durée des missions varie en fonction de l’heure à laquelle l’Aide à la Personne arrive. Une Aide à la Personne est capable de visiter 8 à 9 personne par jour et pour des visites variant de 30 min à 2H.

Les plannings sont malheureusement très instable, le turn-over est très fort, les gens ne restent pas dans ce métier et il y a donc énormément de remplacement à faire au sein d’une même journée. D’un autre coté, les établissements adaptent les compétences et le feeling des «  professionnels » à chaque visites, en effet, la difficulté réside surtout d’une compatibilité entre l’intervenant et la personne qui à besoin d’une intervention car certaines personnes refusent de se faire aider et la communication avec le professionnel peut être tendue, dans ce cas les aidés ont le pouvoir «  de virer l’aidant. Et c’est tant mieux » précise Violaine.

 

«  Moi qui était dans une petite bulle artistique, à l’abri du monde, là le monde, on se le prend en pleine gueule.»

 

Violaine redoutait la confirmation de ce qu’elle craignait en acceptant ce poste. Son idée sur l’aide à la personne était essentiellement basée sur le simple fait de se sentir utile, et ce fut le cas, du moins au début.

Ensuite cette notion d’utilité à changer en prenant un peu de distance avec son métier, car la principale activité de ce métier est principalement axée sur l’aide physique, «  l’aide à la souffrance mentale n’est pas prise en compte » selon Violaine.

Il était impossible pour elle de prendre le temps d’entendre les maux des personnes qu’elle voyait ; et même si son planning le lui permettait, si elle n’avait pas été choisie par la personne aidée il lui était impossible de devenir « sa confidente ».

De plus les échanges entre les professionnels sont compliqués. Disposant d’un timing serré pour les taches à accomplir, ils ne peuvent pas prendre le temps de décrocher leur téléphone pour répondre à un appel, d’autant qu’ils sont équipés d’un « bip », une sorte de pointeuse pour notifier les débuts et fins d’interventions.

Enfin, puisqu’ils utilisent leur voiture personnelle, tout juste indemnisé, pour les déplacements, les employés ne se croisent jamais au siège de son entreprise sans compter sur l’inexistence de réunion d’équipe.

Seule la responsable de secteur, chargée de collecter les infos qui remonte des intervenants, était la seule vraie interaction avec Violaine.

Finalement, se sont toutes ces problématiques sans compter les innombrables petites choses, notamment l’incapacité financière de Violaine à remplacer sa voiture, son indispensable outil de travail, qui mises bout à bout, ont fini par cloisonné l’envie d’aider de Violaine et l’ont forcé à quitter l’univers de l’aide à la personne.