Pendant 4 ans, de 2023 à 2027, le projet Greenseas va permettre à 9 équipes de recherche de se pencher sur le phénomène des algues vertes au sens large. Les sciences humaines comme les sciences physico-chimiques sont impliquées… et la baie de Douarnenez est le principal terrain d’études.

Le site internet du projet Greenseas

Le projet de recherche GreenSeas, « adaptation des systèmes socio-écologiques côtiers vulnérables à l’eutrophisation », dont un des territoires d’étude principaux est la baie de Douarnenez, a commencé début 2023. Jusqu’en 2026, GreenSeas va en fait se pencher sur les algues vertes. Les « marées vertes » sont étudiées depuis les années 1980. On commence à bien connaître les mécanismes physico-chimiques de leurs proliférations sur nos plages. Les politiques publiques pour diminuer le phénomène se succèdent, on en est au 3e « plan algues vertes ». Malgré les millions d’euros consacrés aux actions, orientées vers les pratiques agricoles ou la restauration des zones humides, les marées vertes reviennent, même dans les 8 bassins versants ciblés. Il y a bien une baisse tendancielle des flux d’azote dans les cours d’eau, lente, mais l’eutrophisation du littoral se poursuit. L’eutrophisation dans ce cas, c’est la réponse d’un écosystème aquatique à un apport en excès de nutriments (en l’occurrence azote et phosphore) ; les algues vertes naturellement présentes sur nos littoraux prolifèrent elles aussi à l’excès, nuisant à certaines espèces animales ou végétales, profitant à d’autres.

Le projet de recherche GreenSeas va s’attacher à reconstituer les adaptations passées et présentes des systèmes côtiers exposés aux marées vertes depuis longtemps ; et il explorera aussi de nouvelles solutions pour y remédier, plus efficacement. Le but est d’inspirer les actrices et acteurs des territoires concernés, notamment leurs futures politiques publiques, mais l’objectif est aussi de les impliquer dans la recherche. En tant qu’acteur d’ailleurs, l’Epab – Établissement public d’aménagement de la baie de Douarnenez – sera à la fois partie prenante de la recherche et bénéficiaire de ses résultats.

De très nombreuses disciplines des sciences humaines et bio-physiques

L’atout du projet c’est sa durée : 4 ans, avec un financement indépendant de celui des « plans algues vertes ». Quant à ses originalités, elles sont trois : l’intervention des sciences humaines au même titre, voire davantage, que les sciences bio-physiques, la mixité entre sciences marines et terrestres, et l’intervention d’organismes de recherche hors Bretagne. Une dizaine de structures participent à Greenseas : à Brest l’UMR Amure, (Aménagement des usages des ressources et des espaces marins et littoraux mais aussi le Labers Laboratoire d’étude et de recherches en sociologie pour les sciences humaines et sociales, le Lemar, Laboratoire des sciences de l’environnement marin compétent en biogéochimie marine, en modélisation du fonctionnement des estuaires et de l’interface terre-mer ou science-politique, à Rennes l’ ARENES (sciences humaines et sociales), l’UMR SAS, Sol agro et hydrosystème spatialisation »  (agronomie, biogéochimie, hydrologie, et sciences de l’information), à Pleubian le Ceva, Centre d’étude et de valorisation des algues, mais aussi à Versailles le Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines (histoire culturelle), à Paris Saclay l’UMR Écologie systématique évolution (économie institutionnelle et écologique), à Montpellier (AgroParisTech, BRGM, CIRAD, INRAE, IRD, Institut Agro), à Montpellier l’UMR « G-Eau, Gestion de l’eau (étude des socio-hydrosystèmes et leur régulation).

Construire un récit commun sur les algues vertes accessible au plus grand nombre

Pendant ces 4 ans de recherche, les scientifiques vont donc non seulement étudier les milieux naturels mais ils vont aussi étudier les humains qui vivent sur ces territoires : leur perception des marées vertes, leurs visions (parfois conflictuelles), les représentations populaires et culturelles du phénomène (cartes postales, romans, personnages de carnaval, etc.), les pratiques professionnelles ou amateures liées aux algues vertes, les expériences, les savoirs militants, etc. Il s’agira ensuite de construire un récit commun sur ce phénomène, pour pouvoir agir le plus largement possible. Récit qui sera retransmis sous de multiples formes pour être accessible au plus grand nombre.