Le duo français utilise ses influences et sa nostalgie pour la technologie, pour forger un album riche, fun et varié.
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Cet album est un nouveau chapitre dans la constante évolution musicale d’Agar Agar. Étonnamment, ça fait déjà 4 ans depuis que le duo a sorti son premier album, The Dog and Future, ou on trouvait des chansons mémorables comme “Fangs Out” et “Sorry About the Carpet”, avec des clips qui devenaient de plus en plus bizarres.
Les chansons de Player Non Player font écho au son détaché que l’on retrouve dans la plupart des chansons d’Agar Agar. C’est une ambiance qui est comme si les voix et la production étaient jouées dans des pièces séparées, et a un moment se rejoignent pour donner un son très distinct et unique. L’album est compilé avec des paroles qui ressemblent un peu a de l’intelligence artificielle, elles sont très proches d’être compréhensibles, mais il y a toujours quelque chose qui cloche juste assez pour que l’auditeur fronce les sourcilles et se pose des questions.
Dans une interview accordée à Métal, le duo révèle son processus d’écriture : “Nous écrivons des chansons par intuition. Nous mettons d’abord les machines, nous jouons dessus, Clara chante tout ce qui lui passe par la tête, et ensuite nous mettons une structure par-dessus.” Le processus d’écriture intéressant du duo rend l’écoute passionnante, et du coup on ne sait jamais à quoi s’attendre avec les textes de Clara Cappagli et la production répondante d’Armand Bultheel.
Un exemple parfait peut être le morceau “No pressure”. Ce morceau est vraiment kiffant avec un air et une ambiance qui pourrait facilement se retrouver comme bande originale d’un jeu d’arcade rétro des années 80.
D’ailleurs, ce n’est pas le seul morceau qui a cet aspect nostalgique d’un temps où la technologie avait du charme comparé à aujourd’hui. Le morceau “Grass” utilise cette qualité particulièrement bien, en commençant par une boucle d’ambiance atmosphérique, rejointe par une séquence Moog palpitante qui éclate en synthpop excitant. C’est un début d’album incroyablement efficace, qui prépare le terrain pour l’ambiance surf rock du titre “The Visit.”
Après le titre chouette de “The Visit”, Agar Agar nous embarque dans un paysage psychédélique d’acide dubby et de breakbeats des années 90 avec le morceau “Trouble”. En fait, l’influence de la musique de danse des années 90 est présente dans un certain nombre de morceaux de l’album. Agar Agar semble trouver son inspiration dans la lenteur du trip-hop, le plus souvent en la filtrant à travers son regard indé chic. Un autre morceau, “Crave”, se tourne également vers diverses références pour un effet intriguant. Gémissant comme une Nintendo possédée, Crave est déconstruit et erratique et au dernier moment pars presque dans un punk rock futuriste.
Une autre info intéressante est qu’il semblerait qu’une version de l’album sous forme de jeu vidéo est en préparation, et il est facile d’imaginer comment ce support pourrait compléter l’écriture ludique et mélodique d’Agar Agar. Dans son incarnation actuelle, Player Non Player est chic mais distant, un triomphe stylistique plein de pop écrite avec éloquence que je conseil vivement !