L’Université des sciences et pratiques gastronomiques vous propose cette saison de découvrir celles et ceux qui réinventent des métiers séculaires pour, à leur tour, entrer en transition écologique. Solène Larzul, aujourd’hui chargée de mission agriculture au Parc naturel régional d’Armorique, a été éleveuse de chèvres pendant 12 ans. Elle revient sur cette expérience et ses questions quant à l’avenir de l’élevage.
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Une fois par mois dans Lem, on s’installe à la table de l’Université des sciences et pratiques gastronomiques pour s’interroger sur la cuisine, l’alimentation au sens large, de la production à la dégustation… comme phénomènes sociaux, environnementaux, économiques.
Cette saison, on découvre avec un œil neuf et curieux les métiers nourriciers et les personnes qui réinventent ces métiers.
Les joies et les angoisses de l’éleveuse de chèvres
Solène Larzul a fait des études de biologie. Elle s’intéressait donc au vivant. Elle aimait aussi le contact avec la nature. Et elle avait envie également d’être sa propre patronne. Bien que non issue d’un milieu agricole, elle a donc décidé de se tourner vers l’élevage. Après deux ans d’immersion dans un élevage des Alpes, elle s’est décidée à se lancer à son tour. Elle serait bien restée dans les montagnes mais impossible d’y trouver des terres. Même de retour en Finistère, elle a eu du mal à trouver du foncier pour son projet. Heureusement, elle avait choisi les chèvres (alpines) moins gourmandes en surface et plus adaptables, et elle a pu s’installer à Elliant sur un terrain accidenté et varié : forêts, prés, reliefs… tout ce qui convient à des chèvres. Il a fallu aussi convaincre le banquier, frileux car en 2006 les petits élevages (40 têtes) avec transformation en agriculture biologique étaient encore rares.
Mais elle l’a fait et elle est restée 12 ans à la tête de son troupeau et de sa fromagerie. Elle appréciait la multiplicité des tâches, la vie en plein air, la saisonnalité (un hiver plus calme, un printemps et un été intenses), les animaux (qui bien qu’alpines se sont bien acclimatées à la Bretagne), la transmission aux stagiaires. Au bout de quelques années, elle a d’ailleurs cherché un ou une associée sans jamais trouver personne. Elle avait pourtant dimensionné son projet dans cette idée mais il n’est pas si facile de trouver la personne qui partagera votre travail et…votre vision de l’élevage. C’est un peu du fait de cette solitude et d’une charge mentale assez lourde qu’elle a mis un terme à l’expérience en 2018.
Les mutations de l’élevage animal
Désormais chargée de mission développement agricole et alimentaire au Parc naturel régional d’Armorique, Solène Larzul continue à suivre les mutations et les interrogations des éleveuses et éleveurs. Au sein de l’espace-test agricole du domaine de Menez-Meur à Hanvec, elle en accompagne deux : une en élevage de brebis allaitantes et l’autre en multi-élevages (poules pondeuses, poules de chair, abeilles) et culture de champignons.
Elle sait que la production animale va forcément évoluer, du fait des nouvelles attentes sociétales (bien-être animal, préservation de l’environnement et de la santé), du fait des départs en retraite massifs et de la grande taille des élevages qui n’est pas en adéquation avec les souhaits des nouvelles et nouveaux porteurs de projets qui aspirent à de petites unités… Selon elle, il faudra repenser l’organisation de l’élevage, dans un sens plus collectif voire de service public (régies municipales, formes d’entreprenariat agricole en coopératives pas seulement en Gaec, etc.).