L’album est un disque qui partage son temps entre le dancefloor et la chambre, se déplaçant dans des espaces brumeux et intermédiaires remplis de désirs délicats et d’une conception sonore immersive.
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La chanteuse qui depuis 2017 et son album acclamé Take Me Apart, a été quasiment invisible jusqu’en Septembre dernier, où elle nous a tous surpris quand elle a lâché sa première musique depuis 6 ans. Entre temps, elle a sorti 4 autres single en mode apéro avant le plat principal qui est finalement sorti le 10 février.
Depuis la sortie de sa première mixtape, CUT 4 ME en 2013, la chanteuse Kelela a toujours innové à la croisée du R&B et de la musique électronique. Après six ans d’absence, elle revient dans un paysage musical pop qui s’attache à honorer les artistes queer noirs qui ont inventé la house music. Cette musique a une importance beaucoup plus importante que purement musicale car c’est aussi une sorte de refuge où les clubs deviennent des havres de paix, des espaces pour célébrer, se lâcher et construire une communauté tout à la fois.
Ce paysage musical et sonore se trouve aussi dans la musique pop d’aujourd’hui. Tout est devenu plus rythmé, plus disco et, d’une manière générale, plus conscient de la culture nocturne. Cette évolution a été confirmée l’année dernière par des sorties telles que Renaissance, l’album de Beyoncé influencé par les ballrooms et récompensé par un Grammy, et Honestly, Nevermind, la tentative de Drake de s’inspirer des clubs et de la house de New Jersey, ou encore l’album de Shygirl, Nymph qu’on a chroniquer en Octobre.
Mais, pendant son absence à cette époque, Kelela a tranquillement traité et réagit aux changements du monde qui l’entourait, et les sujets auxquels Kelela prêtait attention n’étaient pas liés à la musique. Depuis ses débuts, la chanteuse s’est plongée dans les récits de résistance au racisme et à la misogynie (notamment celles des femmes noires) et a mis l’accent sur la créativité des femmes queer. Le résultat est un disque qui partage son temps entre le dancefloor et la chambre, se déplaçant dans des espaces brumeux et intermédiaires remplis de désirs délicats et d’une conception sonore immersive.
Le morceau “Contact” est un titre que Kelela maîtrise avec une élégance et une sensualité discrètes sur des breaks sautillants, alors qu’elle décrit une soirée qui l’emmène, elle et ses amis, dans une balade frisqué à travers le West Side jusqu’aux crevasses obscures d’une piste de danse. Le monde en dehors des clubs est peut-être triste, mais le remède à cela, suggère-t-elle, c’est de se retrouver : elle dit “La solitude, je la vois dans tes yeux / Elle pourrait bien te rendre aveugle / C’est de plus en plus difficile ces jours-ci / Il faut prendre contact.”
Ce que j’adore dans ce projet, c’est que Kelela célèbre à la fois la discrétion de la musique ambiante et le bonheur contagieux de la jungle, de la musique de club et du dancehall. Pour ce faire, Kelela a fait appel à de vieux amis du monde de la musique de danse, comme LSDXOXO, Kaytranada et Asmara, son collaborateur de longue date. Il y a aussi de nouveaux noms, comme le duo ambient Yo van Lenz et la reine du dancehall Bambii. Même avec une poignée de musiciens orientés dancefloor dans les crédits de production de l’album, Raven, qui sort sur le label légendaire Warp Records, reste globalement un album ambient.