L’agriculture et le changement climatique sont liés. Les modes de production ont un impact sur les émissions de gaz à effet de serre ; inversement, l’évolution du climat nécessitera des adaptations des méthodes et types de cultures ou d’élevage.

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Photo de couverture : Arbres et élevage laitier –  Erwan Leroux

Réécoutez l'interview de Fabien Pommier

Les perspectives de réchauffement à la fin du siècle s’orientent désormais vers une hausse de 4 degrés des températures globales, ce qui est énorme et aura des conséquences incalculables sur notre quotidien et notre survie même. Le climat va bel et bien changer et l’enjeu est à présent de limiter ces évolutions.

Une agriculture qui émet des gaz à effet de serre…

Deuxième poste d’émission de gaz à effets de serre en France, l’agriculture représente 42% des émissions de carbone en Bretagne. Certes, le dioxyde de carbone (CO2)  en fait partie, mais de façon minoritaire. Le problème n’est pas tant dans les moteurs thermiques des engins agricoles que dans les autres gaz à effets de serre émis par l’agriculture : le méthane, issu de l’élevage bovin et ovin (la Cour des comptes a récemment appelé à une réduction du cheptel des vaches en France pour limiter ces émissions de méthane, gaz qui contribue fortement au réchauffement) et le protoxyde d’azote émis par les engrais de synthèse et nitrates épandus dans les cultures pour les fertiliser.
Les exploitations agricoles peuvent certes être des lieux de production d’énergies renouvelables (solaire, méthane) mais encore faut-il que cette production n’occupe pas des terres qui pourraient être cultivées pour l’alimentation humaine ou qu’elle n’entraîne pas des transports supplémentaires (apport de matière organique extérieure pour alimenter des méthaniseurs surdimensionnés, export de méthane ou des coproduits en surplus).

Alors qu’elle pourrait contribuer à en stocker !

L’agriculture et l’élevage pourraient pourtant permettre de stocker du carbone dans le sol ; à condition de changer les modes de production. Plusieurs pratiques, notamment celles mises en œuvre en agriculture biologique, vont dans ce sens : couverts végétaux pour préserver les sols, recours aux légumineuses dans les rotations de culture, alimentation des animaux en système herbager (les prairies stockent le carbone), réduction des protéines dans l’alimentation animale, développement de la biodiversité des exploitations (en arrêtant les monocultures), agroforesterie (les haies, les arbres maintiennent la fraicheur et l’humidité) ; pour les humains, une alimentation orientée vers les produits de saison et moins riche en viande (de meilleure qualité).
Associé en polyculture élevage à Riec-sur-Belon depuis 2016, Fabien Pommier s’efforce d’appliquer ces méthodes sur son exploitation qui fait vivre 5 personnes. Il est donc possible de produire autrement (du lait transformé en yaourt, des céréales transformées en farine et en pain à la ferme), en agriculture biologique et en gagnant sa vie.

Pour inciter les collectivités à choisir les produits agricoles issus de modes de production vertueux pour le climat, la Maison de l’agriculture biologique participe au projet européen Cool food pro qui calcule les gains carbones, gains de biodiversité, et les économies d’eau obtenus par les changements alimentaires.

Agricultrices et agriculteurs devront elles et eux aussi s’adapter par la force des choses pour faire face aux conséquences du changement climatique, comme les sécheresses. Les nouvelles pratiques seront alors salvatrices.