Le Mouvement de la paix a vu le jour trois ans après les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagazaki d’août 1945. Le désarmement nucléaire fait partie des sujets de mobilisation de l’association, en particulier dans le Finistère où se concentre l’essentiel de l’armement français.
Réécoutez l'interview de Noëlle Péoc'h adhérente finistérienne du mouvement
L’île Longue en rade de Brest est l’un des principaux sites de stockage des armes nucléaires françaises, du fait de la présence des quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Le comité finistérien du Mouvement de la paix est donc largement préoccupé par cette question de l’armement nucléaire.
«L’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est aujourd’hui plus que jamais un crime, affirme le pape François, non seulement contre l’homme et sa dignité, mais aussi contre toute possibilité d’avenir dans notre maison commune. L’utilisation de l’énergie atomique à des fins militaires est immorale de même que la possession des armes atomiques». De fait, philosophiquement, l’arme nucléaire est particulièrement immorale puisqu’elle vise des populations civiles et non guerrières. Une fois utilisée, elle rend impossible l’intervention des secours du fait de la radioactivité qui suit. Ce fut le cas à Hiroshima (80 000 morts sur le coup, 250 000 morts à la suite des brûlures et radiations) et Nagasaki (60 000 morts sur le coup, 150 000 ensuite). « Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison » écrit Albert Camus dans son éditorial de Combat, le 8 août 194.
Un traité pour l’interdiction mais une menace toujours réelle
122 pays ont désormais signé le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, sous l’égide de l’Onu, entré en vigueur le 22 janvier 2021. Mais pas les 9 pays dans le monde qui détiennent l’arme nucléaire, dont la France. Eux plaident l’efficacité de la dissuasion. Certes, aucun conflit nucléaire n’a éclaté jusqu’à présent, mais la menace reste plus que jamais présente, surtout depuis l’attaque de la Russie contre l’Ukraine ; le président russe Vladimir Poutine ne cesse de brandir la menace d’une frappe nucléaire, notamment via ses missiles braqués sur l’Europe.
C’est dans ce contexte que le gouvernement français fait voter une loi de programmation militaire de 413 milliards d’euro, dont 60 milliards pour augmenter l’arsenal nucléaire.
Il y a pourtant des pays qui ont renoncé à cette arme, comme l’Afrique du Sud qui la possédait et l’a démantelée.
Une menace bien réelle et très proche de la population finistérienne
En dehors de tout conflit, un incident comme celui qui s’est produit en 1983, pourrait tout à fait dégénérer et mener à l’anéantissement de l’humanité (le seul arsenal nucléaire français équivaut à 4000 fois la puissance de destruction de la bombe qui a frappé Hiroshima). Cette année-là, un semblant d’attaque nucléaire en provenance des Etats-Unis était apparu sur les écrans de contrôle russes. Le lieutenant-colonel Petrov avait cependant gardé son sang-froid et refusé de répliquer ; bien lui en avait pris puisqu’il n’y avait pas d’attaque américaine (on ignore au juste ce qui s’est passé). Cette histoire est racontée dans le docu-fiction L’homme qui sauva le monde, à voir sur Arte.
Le comité finistérien du Mouvement de la paix organise d’ailleurs des projections débat de ce film dans le département, pour sensibiliser à la question de l’armement nucléaire. D’autres actions sont organisées comme l’appel aux collectivités à signer le vœu d’adhésion de la France au Traité d’interdiction des armes nucléaires, ou des manifestations comme celle qui rappelle le 6 août 1945, chaque année au sommet du Menez-Hom. Le 21 mai 2023, 200 personnes se sont rassemblées au Fret devant l’île Longue pour dénoncer cette menace, bien réelle et bien proche.