Fin mai 2023, l’UBO a lancé l’étude Mynion qui consiste à analyser les moisissures des aliments de notre quotidien domestique et les comportements qui y sont liés pour prévenir le gaspillage alimentaire. Il s’agit de science participative avec une collecte des échantillons auprès des foyers de toute la France.

Interview de la professeure Monika Coton, coordinatrice du projet (laboratoire LUBEM) et de la docteure Kimberley Girardon, ingénieure de recherche (laboratoire LEGO)

Le projet Mynion sur le site internet de l’UBO

Il y a tout à la fois de la microbiologie, de l’économie et des sciences du comportement dans le projet Mynion comme MYcotoxiN migratION. Car l’étude consiste à examiner de près les mycotoxines produites dans les aliments moisis et les pratiques de consommation de ces aliments. L’objectif est ensuite d’affiner les recommandations pour assurer la sécurité des personnes tout en limitant le gaspillage alimentaire.

Moisissures alimentaires : du bon et du dangereux

Les mycotoxines sont produites par certaines moisissures (ou champignons) sur les aliments. Il en existe un peu plus de 400 espèces (on en découvre encore) ; certaines sont positives et exploitées comme telles à l’instar du vert du Roquefort. D’autres peuvent être dangereuse comme les aflatoxines (qu’on trouve notamment dans les cacahuètes) qui sont cancérigènes. Les équipes du Lubem à Brest mais aussi à Montpellier travaillent sur ces contaminants ; ils ont déjà collaboré ensemble avec l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail). Les microbiologistes du projet Mynion devront isoler ces champignons et faire analyser leur ADN pour les identifier précisément et déterminer leur provenance.

Moisissures alimentaires et comportements de consommation

De leur côté, les scientifiques du Lego s’intéressent à l’alimentation durable et donc aux comportements de consommation, notamment au gaspillage. Si vous observez des taches de moisissure dans votre confiture maison, les enlevez-vous tout en continuant à manger la confiture ou jetez-vous tout le pot ? Idem pour une pomme moisie, croquez-vous la partie non touchée ou pas ?

Pour connaître à la fois les moisissures qui s’installent sur nos aliments domestiques et nos comportements vis à vis du phénomène, le projet Mynion de science participative collecte donc des échantillons d’aliments moisis et des informations sur le contexte : type d’aliment, conditions de conservation, usages qu’on en a eus, etc. Les personnes inscrites au projet reçoivent un kit de prélèvement avec toutes les instructions pour prélever et envoyer les moisissures aux biologistes ; elles doivent aussi répondre à un questionnaire à propos de l’aliment moisi. L’envoi de l’échantillon est pré-payé.

À la recherche de 700 foyers pour participer à l’étude Mynion

Pour l’instant, 400 foyers bretons sont inscrits, les scientifiques cherchent encore 300 foyers, de préférence dans le sud de la France ou dans d’autres régions (mais les foyers bretons peuvent encore s’inscrire). Une trentaine de personnes seront aussi rencontrées directement par les chercheurs pour un entretien plus approfondi. Pour l’instant, beaucoup de fruits et légumes ont été envoyés ; un peu moins de pain ou charcuterie sèche. On peut aussi envoyer des moisissures de produits laitiers, surtout les moisissures velues et colorées qui poussent sur les fromages à pâte pressée, particulièrement intéressantes pour les microbiologistes.

La phase participative du projet Mynion devrait s’achever en automne. Ensuite, les scientifiques procèderont à l’analyse des données et selon les résultats, le projet débouchera sur des événements de communication grand public (Nuit des chercheurs), la création de fiches avec l’Anses, ou des échanges avec les acteurs de l’agro-alimentaire.

Ci-dessous : moisissures dans une boite de pétri et kits de prélèvement des échantillons – photo Monika Coton