Dans le cadre du projet de recherche Anfriche, le Civam du Finistère a étudié le cas des friches littorales de la presqu’île de Crozon, de leur passé agricole et de leur éventuelle ré-exploitation. Charlotte Guillet est géographe et c’est elle qui a arpenté ce sujet et ce territoire pendant plusieurs mois.

Le site internet du projet de recherche Anfriche, financé par la Fondation de France

Réécoutez la précédente émission sur le projet Anfriche avec l’anthropologue Amélia Veitch

Réécoutez l'interview de Charlotte Guiet et Sophie Pattée du Civam du Finistère

Le projet de recherche Anfriche* étudie le phénomène d’enfrichement des anciennes parcelles agricoles de bord de mer et les tentatives de réintroduire des activités agricoles sur ces parcelles. Des scientifiques de plusieurs disciplines sont impliqués : anthropologie, écologie, géographie… Charlotte Guiet réalise quant à elle son mémoire de Master 2 en géographie sur le lien entre friche agricole et relocalisation de l’alimentation en Presqu’île de Crozon, dans le cadre d’un stage au Civam du Finistère.

Le littoral de la presqu’île de Crozon jadis parsemé de petites fermes

Dans les années 1950, le littoral de la presqu’île était parsemé de petites fermes en polyculture élevage de subsistance : 1 ou 2 vaches, un cochon, un cheval, de la volaille, parfois quelques moutons pâturaient dans les petits prés ou la lande, dont les parcelles communes étaient fauchées pour la litière du bétail ou la ressource en chauffage… Les talar en breton désignaient notamment ces communs. Le paysage agricole presqu’îlien était donc composé de petites parcelles cernées de talus, de haies, parfois de murets, qui ont ensuite été réparties au fil des générations et des successions jusqu’à un grand morcellement. Un tel mitage a finalement échappé au remembrement mais les activités agricoles ont peu à peu cessé et il est parfois difficile aujourd’hui d’identifier les propriétaires des parcelles abandonnées. Ces friches ont pourtant souvent été cultivées ou pâturées.

Un territoire très contraint qui rend difficiles voire impossibles les nouvelles installations agricoles

La position littorale est par ailleurs source d’autres contraintes en lien avec la préservation des milieux côtiers. Le Conservatoire du littoral est bien à l’origine de la ferme de Kerguillé à la pointe de Dinan mais cette exploitation agricole de bord de mer reste une exception en presqu’île. Aucun autre projet n’est pour l’instant prévu.

Il y a pourtant bel et bien des personnes qui souhaitent s’installer en agriculture littorale en presqu’île de Crozon mais elles se heurtent souvent à la difficulté d’identification des propriétaires de parcelles, aux refus de les céder ou de les louer ou aux autres contraintes (interdiction d’installer ne serait-ce qu’une serre ou un hébergement léger).

En outre, le Projet alimentaire de territoire (Pat) de la communauté de communes de presqu’île de Crozon et Aulne maritime est orienté vers la production locale et pourrait être un levier pour re-développer une agriculture à taille humaine en zone littorale.

La carte des friches agricoles potentielles du Finistère dressée par les services de l’Etat en 2020

*ANFRICHE est une recherche-action pluridisciplinaire qui a remporté l’appel à projets de la Fondation de France Les futurs du littoral et de la mer en 2021. Il implique le Laboratoire d’Anthropologie Politique (LAP /EHESS), l’Université de Brest occidentale (UBO), l’INRAE, le réseau Civam, le Groupement des agriculteurs bio du Finistère (Gab 29), le réseau Bruded, le Conseil départemental du Finistère.