C’est l’une des missions les plus récentes de l Établissement public d’aménagement de l’Aulne et de l’Hyères (Epaga) : l’accompagnement en agronomie environnementale dans le bassin versant de l’Aulne. Un programme suivi dans 300 exploitations agricoles depuis 2016, destiné essentiellement à restaurer et préserver les sols agricoles pour s’adapter au changement climatique.
Jean-François Sarreau élu et ancien agriculteur, Philippe Arnaud et Jean-René Tanguy chargés de mission agroenvironnement pour l’Établissement public d’aménagement et de gestion de l’Aulne et de l’Hyère, l’Epaga
Réécoutez l'émission
C’est l’une des missions les plus récentes de L’Epaga, en plus de ses autres actions mais c’est très complémentaire de ce à quoi veille déjà l’établissement public : prévention des inondations, qualité de l’eau des rivières du bassin versant, préservation de la ressource en eau, de la biodiversité, mise en œuvre du programme Breizh bocage … Depuis 2016, l’Epaga participe aussi au Programme agroenvironnemental et climatique rattaché à la Politique agricole commune.
Les agents de l’Epaga recrutent et accompagnent des exploitations agricoles volontaires pour mettre en œuvre des mesures favorables à l’adaptation au changement climatique, contre indemnisation et moyennant contrôles. Les volontaires signent un contrat de 5 ans pour la mise en œuvre d’une ou plusieurs des 15 mesures possibles. Après une première session de 2016 à 2022, un second contrat vient de commencer et 200 responsables d’exploitation du bassin versant ont déjà manifesté leur intérêt.
L’agriculture comme régulatrice du climat et de la disponibilité de l’eau
Toutes les productions peuvent intégrer ce programme mais, sur notre territoire, les mesures qui concernent les élevages d’herbivores sont particulièrement adaptées, celles pour les cultures légumières de plein champ sont aussi intéressantes.
Les mesures visent à la fois à réduire les consommations d’eau et de pesticides des fermes mais aussi à reconstruire les sols. Car ce sont ces derniers, du fait de leur matière organique, qui retiennent (et filtrent) l’eau mais aussi le CO2, gaz qui contribue au réchauffement du climat. Dès lors, inciter les éleveurs à développer un système de nourriture à l’herbe du bétail, en favorisant les prairies, est à la fois bénéfique du point de vue du climat (les prairies absorbent les gaz à effet de serre) et du point de vue économique (plus d’autonomie de la ferme, moins d’achat d’aliments extérieurs pour le bétail).
Expérimentations et partage d’expériences agro-écologiques dans les fermes
Le sol est donc un acteur majeur des liens entre agriculture et climat. En outre, du fait de l’érosion, nos sols perdent 17 tonnes de matière par an et par hectare ; non seulement les sols agricoles s’appauvrissent mais la matière qui se déverse dans les rivières du bassin versant et la rade de Brest perturbe leurs écosystèmes.
Le semis d’un couvert végétal sur les sols en jachère, voire sur des sols cultivés (en maïs par exemple, avec un couvert de légumineuses) est également un exemple de mesure de restauration/conservation du sol. Il exclut le labour et permet aussi un gain de temps précieux tout en générant même des surplus de production s’il est bien maîtrisé ! Ceci demande cependant une technicité, et des formations spécialisées sont proposées dans le cadre du programme. En outre, un groupe d’agriculteurs s’est constitué autour de ces « techniques culturales simplifiées » et partage ses expériences concrètes de cette pratique des couverts végétaux de sols.
D’autres mesures comme l’entretien du bocage favorisent aussi la biodiversité et la rétention de l’eau dans le sol (et le rafraichissement du micro-climat de la ferme).
Après un diagnostic des exploitations volontaires pour ces mesures agro-environnementales, l’Epaga établit le contrat que s’engagera (ou pas) à suivre l’exploitante ou l’exploitant pendant la période définie. L’Epaga réalisera aussi les contrôles de suivi et l’accompagnement à la demande.