Mourir quelle histoire ! c’est le titre de l’exposition à voir jusqu’au 3 décembre 2023 à l’abbaye de Daoulas. On y explore le rapport de l’humanité à la mort : processions, cimetières et sépultures mais aussi fêtes et souvenirs sont au programme de cette exposition particulièrement riche.

L’exposition Mourir quelle histoire ! sur le site internet de Chemins du patrimoine en Finistère

Photo de couverture : crédit Elodie Hénaff (CDP29)

Mourir quelle histoire ! est labellisée « Exposition d’intérêt national » par le Ministère de la culture mais elle nous emmène en fait dans le monde entier… on y croise l’Ankou bien de chez nous en Bretagne, mais on y explore aussi le Ghana ou la Papouasie Nouvelle-Guinée, l’Indonésie ou le Mexique.

Car c’est un fait, il y a des constantes dans le traitement de la mort par l’humanité : les manifestations d’attachement, le transport du corps en procession, le deuil porté voire incarné par des personnages, la symbolique de la séparation (dans la culture bretonne le personnage de l’Ankou est le passeur d’âmes, l’auxiliaire de la mort, et il a ses équivalents dans d’autres cultures). Le lieu où les morts se retrouvent varie beaucoup selon la représentation du monde de la société : enfer ou paradis dans la culture chrétienne (avec un choix à faire de son vivant pour terminer au bon endroit), l’ « autre monde » pour les bouddhistes ou les hindouistes qui conçoivent l’au-delà comme temporaire puisque la vie est perçue comme un cycle dont l’enjeu est de bien se réincarner, jusqu’au Nirvana (grande totale extinction). Chez les Aborigènes, le temps du rêve n’est ni passé, ni futur, chaque vivant porte le rêve d’un ancêtre, sa création est toujours active. Les morts reviennent au temps du rêve en passant par la terre (un « en-deça »).

Tous les morts sont d’anciens vivants

Les morts et les vivants ne s’opposent pas tout à fait, ils se regardent plutôt dans la séquence « Nous et les morts ». Il y a des bons et des mauvais morts, ceux qui tourmentent les vivants et ceux qui les soutiennent, les accompagnent. Le chamanisme a ainsi pour objectif d’entrer en communication avec les bons morts pour réguler la société des vivants. En Afrique de l’Ouest, les ancêtres ont cette même fonction. Le revenant est un « mauvais mort » car il n’a pas atteint sa destination, comme les lavandières de la nuit bretonnes ou les fantômes japonais…

Enfin, on se souvient, on commémore… Tant qu’on célèbre un mort, il ne disparait pas complètement. Et on laisse une trace de sa disparition dans le paysage : des monuments aux morts de nos campagnes liés aux guerres aux ex voto (photos, bouquets) déposés sur les lieux d’accidents de la route.

L’exposition présente de très nombreux objets mais aussi des extraits documentaires, des témoignages de Bretonnes et Bretons (ainsi que des objets confiés à l’abbaye le temps de l’exposition pour représenter leurs chers disparus), et des dispositifs : la possibilité d’imprimer un épitaphe, une marelle avec un effet miroir et un téléphone de l’au-delà…

Plusieurs animations accompagnent l’exposition à découvrir jusqu’au 3 décembre 2023 : des cafés philo animés par Yann Marchand à l’abbaye, une semaine mortelle du 30 octobre au 5 novembre 2023 pour découvrir des fêtes colorées et lumineuses où vivants et morts se retrouvent dans la joie et le respect, au fil d’échanges, visites et ateliers pour tous, des histoires de mort au Festival Grande marée (hors les murs) en novembre 2023.

Extraits Marthe Vassalo spectacle Les fantômes sont des choses qui arrivent ; à voir le 19 juillet 2023 à l’abbaye du Relec à Plounéour-Ménez