Vue d’artiste restituant le volume d’une maison de plan circulaire de la fin de l’âge du Bronze © Laurent Juhel

Après les dépôts d’objets métalliques et les monuments funéraires, on poursuit notre découverte de l’âge du Bronze en Bretagne et on explore l’alimentation, l’habitat et les activités du quotidien des humains entre 2300 et 750 avant JC.

Avec Muriel Fily, archéologue de la proto-histoire au Centre départemental d’archéologie du Finistère situé au Faou

A l’âge du Bronze, entre 2300 à 750 avant Jésus-Christ le territoire qui deviendra la Bretagne est plutôt bien doté. Le métal du moment c’est donc le bronze, alliage de cuivre et d’étain. Et la péninsule Ouest du continent est bien pourvue en étain, tout en étant bien située sur les routes commerciales maritimes (notamment sur le passage des « fournisseurs » de cuivre : Angleterre, Irlande et Espagne). On peut donc parler de région fortunée à l’âge du Bronze. Rien n’indique non plus que la période fut politiquement agitée ; en tout cas, on ne connait pas de lieux de bataille ou de traces de violences de masse. Quant à l’état de santé des humains de l’âge du Bronze, on ne peut l’évaluer que partiellement en analysant seulement les manifestations sur les squelettes de diverses pathologies. Le problème en Bretagne, c’est que l’acidité des sols est défavorable à la conservation des ossements.

Maisons circulaires en petits hameaux dispersés sur tout le territoire

Outre les milliers de monuments funéraires (de taille modeste) et les énigmatiques dépôt d’objets métalliques, cette période est marquée par un habitat dispersé de petits hameaux. Pas de « ville » connue pour l’instant mais le territoire était occupé partout. L’archéologie récente de l’âge du Bronze est marquée par de nombreuses découvertes de ces traces d’habitat. Dans l’Ouest, à la différence d’autres régions de France, les trous de poteaux mis au jour sont ceux de maisons circulaires, en bois (et probablement torchis). Même à Molène, où c’est la pierre qui servait de matériau de base, cette rondeur était de rigueur. On trouve aussi des traces de ce qui devait être des bâtiments communs ou des ateliers d’artisans. Ailleurs en Europe, on a aussi retrouvé de grandes enceintes avec des vestiges d’artisanat mais sans habitat, dont on ignore encore la fonction.

Comme la journée d’une ferme des années 1920

Depuis le néolithique, l’agriculture et l’élevage sont bien installés dans toute l’Europe. L’alimentation est donc diversifiée ; quant au rythme quotidien, il faut l’imaginer assez proche de ce qu’était la journée d’un paysan des années 1920 en France avec encore un peu de chasse et de cueillette. Blé, millet, orge, légumineuses (pois lentilles), prunelles, pommes, sureau, noisette, vigne sauvage, produits laitiers, viande de mouton, porc, boeuf, poissons et coquillages étaient au menu des repas, comme nous l’apprennent les analyses des traces d’aliments recueillies dans les récipients en céramique. L’artisanat – métallurgique mais aussi lithique – était par ailleurs déjà spécialisé, comme l’indiquent les objets métalliques sophistiqués (armes et bijoux) mais aussi les silex taillés très finement retrouvés par les archéologues.

Un rappel : si vous possédez un détecteur de métal, vous n’avez pas le droit de l’utiliser pour rechercher des objets archéologiques. Si cela vous arrivait par accident, ne déplacez pas l’objet trouvé et prévenez vote mairie ou le centre départemental d’archéologie du Faou.

En savoir plus sur l’âge du Bronze sur le site internet de l’Inrap