photo de couverture : Des otolithes de poissons issus de fouilles archéologiques – Océane Charpentier

Archéologue formée en Finistère, Océane Charpentier s’est peu à peu spécialisée dans l’ichtyologie, l’étude des restes de poissons. En bord de mer ou de rivière ou même dans les terres, les traces des pêches et consommations humaines du passé sont nombreuses, comme celles du chantier de fouilles du château de La Roche-Maurice.

Le site internet du Centre départemental d’archéologie du Faou

L’archéozoologue Lydie Mano nous avait déjà expliqué la richesse des restes animaux retrouvés dans les fouilles du château de Roc’h Morvan à La Roche-Maurice. Pour examiner en particulier les restes de poissons, le Centre départemental d’archéologie du Faou a fait appel à Océane Carpentier, archéologue spécialisée en ichtyologie.

Des sardines antiques aux autres poissons du passé

Comme elle a étudié à Brest et commencé à travailler sur des chantiers de fouilles des côtes bretonnes, Océane Charpentier s’est intéressée rapidement aux pratiques de pêche, puis en profondeur aux restes des poissons. Elle a consacré un mémoire aux sardines que les Romains faisaient fermenter pour obtenir leur garum (un condiment) et s’est ainsi spécialisée progressivement. L’intérêt de l’ichtyologie est en effet de déterminer les usages humains des ressources marines ou fluviales, notamment les poissons.

Les pêcheries sont nombreuses sur notre littoral ; ces pièges à poisson construits sous l’eau pour tirer parti des marées ont été fabriqués par nos ancêtres en pierre ou parfois en bois. Seuls les ouvrages en bois pourraient être datés, grâce aux cernes de croissance, mais le bois se conserve très mal, surtout en milieu humide et les archéologues ignorent depuis quand exactement les pêcheries sont pratiquées. D’autant que certaines structures ont pu être utilisées à plusieurs reprises au fil des siècles. Les restes éventuels de poissons peuvent donner des indications sur les datations de leur capture et de leur consommation, notamment leur matériel génétique.

L’otolithe du poisson si pratique pour l’archéologue

À la différence des requins ou des raies dont les cartilages se décomposent rapidement, les arêtes et autres éléments du squelette de la plupart des poissons, y compris les écailles, se conservent durablement. Les poissons comptent de très nombreux os (200 rien que dans leur crâne) et ils possèdent en particulier un otolithe dans leur oreille interne, un élément minéral qui se modifie et enregistre leur croissance toute leur vie. Un vestige précieux pour l’archéologue.

Quand elle est appelée sur un chantier, le travail d’Océane Charpentier consiste déjà à identifier les poissons retrouvés (mais pas les coquillages qui relèvent de la malacologie)  ; ensuite, elle examine l’histoire biologique des individus, leurs caractéristiques morphologiques, la saisonnalité de la capture et les traces d’activités humaines éventuelles. Elle a même été stagiaire en poissonnerie pour en savoir davantage et elle garde précieusement tous les squelettes des poissons qu’elle mange… Elle peut aussi retracer les parcours des poissons, comme celui de daurades royales consommées et jetées dans un puits antique à Carhaix et qui avaient été vraisemblablement pêchées en Cornouaille ou dans le Morbihan.